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    Je disais l’an passé : voici le jour de fête,
    Charles m’attend : je veux, ceignant de fleurs ma tête,
    M’offrir avec ma fille à son premier coup d’œil ;
    Quand ce jour reviendra, ramené par l’année,
    Si je lui porte un fils, fruit de notre hyménée,
    Mon bonheur sera de l’orgueil.

    L’année a fui : voici le jour de fête !
    Est-ce une fête, hélas ! que...

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    La mort est multiforme, elle change de masque
    Et d'habit plus souvent qu'une actrice fantasque ;
            Elle sait se farder,
    Et ce n'est pas toujours cette maigre carcasse,
    Qui vous montre les dents et vous fait la grimace
            Horrible à regarder.

    Ses sujets ne sont pas tous dans le cimetière,
    Ils ne dorment pas tous sur des chevets de...

  • Au retour de la guerre et tout poudreux encore,
    Le bien-aimé heurtait à la porte sonore :

    — Pan ! pan ! — L’aube a rougi,
    Et ta porte est fermée ;
    Viens ouvrir, bien-aimée,
    À ton ami.

    Entends-tu l’hirondelle ?
    N’as-tu donc pas, ma belle,
    Assez dormi ?

    Il entra ; mais l’enfant dans un froid lit de planches
    Reposait, le front ceint...

  • Parmi les noirs brisans où le flot tourbillonne,
    Le phare vers la nue élève sa colonne.
    Pilier de blocs massifs qu’unit un dur ciment,
    Il surgit solitaire, ainsi qu’un monument.
    Des vagues à ses pieds la fureur se déchaîne :
    On dirait que la mer assiège de sa haine
    Cette tour qui, montrant le péril aux vaisseaux,
    La frustre d’un butin convoité par ses...

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    Si j’étais un oiseau de mer
    À l’aile d’or, au bec de fer,
    Je volerais pendant l’orage,
    France, sur ton plus haut rivage,
    Pour voir au loin le flot verdir,
    Et ton roc de Corse blanchir,
    Là-bas, comme un vaisseau de guerre
    Qui lève l’ancre et quitte terre.
    Si j’étais la feuille des bois,
    Qui tous les mille ans, une fois,
    Se fane...

  • L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
    Le logis était propre, humble, paisible, honnête ;
    On voyait un rameau bénit sur un portrait.
    Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
    Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
    Pâle, s'ouvrait ; la mort noyait son oeil farouche ;
    Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
    Il avait dans sa poche une...

  • Jouissez du repos que vous donne le maître.
    Vous étiez autrefois des coeurs troublés peut-être,
    Qu'un vain songe poursuit ;
    L'erreur vous tourmentait, ou la haine, ou l'envie ;
    Vos bouches, d'où sortait la vapeur de la vie,
    Étaient pleines de bruit.

    Faces confusément l'une à l'autre apparues,
    Vous alliez et veniez en foule dans les rues,
    Ne...

  • Un bloc de marbre où son nom luit sur une plaque.

    Ventre riche, mâchoire ardente et menton lourd ;
    Haine et terreur murant son gros front lourd
    Et poing taillé pour fendre en deux toutes attaques.

    Le carrefour, solennisé de palais froids,
    D'où ses regards têtus et violents encore
    Scrutent quels feux d'éveil bougent dans telle aurore,
    Comme sa...