• VII

    Le penseur est lugubre au fond des solitudes.
    Ce n'est plus l'esprit calme aux graves attitudes ;
    Les éclairs indignés dans sa prunelle ont lui ;
    Il n'est plus libre, il a de la colère en lui ;
    Il est le prisonnier sinistre de la haine.
    Lui, ce frère apaisant l'homme dans sa géhenne,
    Lui, dont la vie en flots d'amour se...

  •  
    Sa mère en le mettant au monde s'en alla.
    Sombre distraction du sort. Pourquoi cela ?
    Pourquoi tuer la mère en laissant l'enfant vivre ?
    Pourquoi par la marâtre, ô deuil ! la faire suivre ?
    Car le père était jeune, il se remaria.
    Un an, c'est bien petit pour être paria ;
    Et le bel enfant rose avait eu tort de naître.
    Alors un vieux bonhomme...

  • III

    Cet homme est laid, cet homme est vieux, cet homme est bête.
    Qu'est-ce que vous mettez sur cette pauvre tête ?
    Une couronne ? Non, deux couronnes. Non, trois.
    Celle des empereurs avec celle des rois,
    Le laurier de César, la croix de Charlemagne,
    Et puis un peu de France et beaucoup d'Allemagne.
    Sous cet amas jadis...

  • VII

    Sur terre un gouffre d'ombre énorme où rien ne luit,
    Comme si l'on avait versé là de la nuit,
    Et qui semble un lac noir ; dans le ciel un point sombre.

    Lac étrange. Des flots, non, mais des toits sans nombre ;
    Des ponts comme à Memphis, des tours comme à Sion ;
    Des têtes, des regards, des voix ; ô vision !
    Cette...

  • Non, tu n’as pas tout, monstre ! et tu ne prends point l’âme.
    Cette fleur n’a jamais subi ta bave infâme.
    Tu peux détruire un monde et non souiller Caton.
    Tu fais dire à Pyrrhon farouche : Que sait-on ?
    ...

  • I

    Qu'il passe en paix, au sein d'un monde qui l'ignore,
    L'auguste infortuné que son âme dévore !
    Respectez ses nobles malheurs ;
    Fuyez, ô plaisirs vains, son existence austère ;
    Sa palme qui grandit, jalouse et solitaire,
    Ne peut croître parmi vos fleurs.

    Il souffre assez de maux, sans y joindre vos joies !
    Chaque pas qui l'...

  • VI

    Prêcher la guerre après avoir plaidé la paix !
    Sagesse, dit le sage, eh quoi, tu me trompais !
    O sagesse, où sont donc les paroles clémentes ?
    Se peut-il qu'on t'aveugle ou que tu te démentes ?
    Et la fraternité, qu'en fais-tu ? te voilà
    Exterminant Caïn, foudroyant Attila !
    - Homme, je ne t'ai pas trompé, dit la sagesse....

  • I

    Sur l'être et sur la créature,
    Dans tous les temps l'homme incliné
    A toujours dit à la nature :
    O gouffre ! Pourquoi suis-je né ?
    Parfois croyants, parfois athées,
    Nous ajoutons aux Prométhées
    Les Euclides et les Keplers ;
    Nos doutes, nuages funèbres,
    Montent au ciel pleins de ténèbres,
    Et redescendent...

  •  
    I

    Noë rêvait. Le ciel était plein de nuées.
    On entendait au loin les chants et les huées
    Des hommes malheureux qu’un souffle allait courber.
    Un nuage muet soudain laissa tomber
    Une goutte de pluie au front du patriarche.
    Alors Noë, suivi des siens, entra dans l’arche,
    Et Dieu pensif poussa du dehors le verrou.

    Le mal avait filtré dans...

  • En ce temps-là, Jésus était dans la Judée ;
    Il avait délivré la femme possédée,
    Rendu l’ouïe aux sourds et guéri les lépreux ;
    Les prêtres l’épiaient et parlaient bas entre eux.
    Comme il s’en retournait vers la ville bénie,
    Lazare, homme de bien, mourut à Béthanie.
    Marthe et Marie étaient ses sœurs ; Marie, un jour,
    Pour laver les pieds nus du maître...