• Bien des astres pareils aux foyers palpitants,
    Peut-être les plus beaux que chaque soir allume,
    Dardent un jeune éclat jusque dans notre brume,
    Qui sont des soleils morts, perdus depuis longtemps.

    Ceints des tourbillons nés de leurs flammes fécondes,
    Ils ont si loin de nous accompli leurs destins
    Que la lumière encor de ces globes éteints
    N’a pas...

  • Viens voir sur la colline, à l’heure où le jour fuit,
    Les constellations éclore dans la nuit.
    La campagne s’endort silencieuse. Écoute !…
    Les rumeurs des pesants chariots sur la route
    Vont s’éloignant toujours ; à peine, par moment,
    Du fond de quelque ferme un sonore aboîment
    Réveille les grands bois absorbés dans leur rêve.
    Les vagues des épis qu’un...

  • L’infini m’a prise, ami, je suis morte ;
    Je lègue mon ombre à tes bras déserts…
    D’autres s’en iront frapper à ta porte ;
    J’ai, comme un oiseau, pris la clef des airs.

    Nos âmes, toujours, ne sont pas fidèles ;
    J’avais le pied rose et l’œil andaloux,
    J’ignorais que Dieu m’eût donné des ailes,
    Tu ne l’as pas vu, tu n’es pas jaloux.

    Personne,...

  • En vain Midi sur les cieux
    Tend ses lumineuses toiles ;
    Je cherche toujours leurs yeux
    Dans les couchants pleins d’étoiles.

    A la première allumée
    Sur le bord de l’horizon
    Je donne en pleurant ton nom,
    Ma première bien-aimée !

    Le regard descend sur moi
    De celle qui t’a suivie
    Et me rend l’ancien émoi :
    Car celle-là prit ma vie...

  • Dans l’Air s’en vont les ailes,
    Par le vent caressées ;
    Mes errantes pensées
    S’envolent avec elles.

    Aux cieux pleins d’étincelles,
    Vers la nue élancées,
    Dans l’Air s’en vont les ailes,
    Par le vent caressées.

    Vers des terres nouvelles,
    Sur les rayons bercées,
    Vous fuyez, dispersées,
    O blanches colombelles ;
    Dans l’Air s’...

  • A l’ombre des forêts je suis rasséréné.
    Oui, j’aime comme un fils ces vertes solitudes.
    Là, des temps primitifs que vit mon humble aîné,
    Je trouve l’innocence avec ses quiétudes.

    Dans les bois je reprends d’antiques habitudes,
    Tout un passé renaît en mon cœur étonné.
    Et, gai, vous oubliant, humaines lassitudes,
    Vers les arbres je cours d’un élan...

  • Madame Catherine avait certes raison
    De les faire égorger ainsi. — La trahison
    N’est point crime mais bien vertu, quand on l’emploie
    Au service de Dieu qui l’accepte avec joie.
    Car la foi n’est plus due à qui n’a plus la Foi.
    — Sont-ils hommes ceux-là qui n’ont Pape ni Roi,
    Et qui mettent la sainte Église en pillerie ?
    Le David, dont la main veille à...

  • Chargé des armes d’or d’un heiduque abattu,
    Klibb descend au Dnieper, et sa jument sauvage
    Dans l’eau jusqu’au poitrail boit le fougueux breuvage.
    Lui se mire au kandjar que le Turc avait eu.

    Une fille au beau corps étroitement vêtu,
    Prise dans Andrinople et réduite en servage,
    Dans la cruche de grès vient puiser au rivage :
    Ses yeux d’un philtre grec...

  • Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil,
    Embrase le coteau vermeil
    Que la vigne pare et festonne.

    Père, tu rempliras la tonne
    Qui nous verse le doux sommeil ;
    Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil.

    Déjà la nymphe qui s’étonne,
    Blanche de la nuque à l’orteil,
    Rit aux chants ivres de...

  • Jeanne en riant marchait dans l’Eau,
    Baignant au flot sa jambe nue.
    Sur cette blancheur inconnue
    Frissonnait l’ombre d’un bouleau.

    L’alouette, par un solo,
    Vint célébrer sa bienvenue ;
    Jeanne en riant marchait dans l’Eau,
    Baignant au flot sa jambe nue.

    Lorsque sur le front d’Apollo
    Se déchirait soudain la nue,
    Elle folâtrait, l’...