• LA VILLE NOUVELLE

    Un treuil audacieux
    Semble lever jusqu’aux cieux
    D’énormes pierres, une à une ;
    Et son câble d’acier luit aux rais de la lune ;

    Et plus loin d’autres treuils monumentaux
    Règnent également de travaux en travaux,
    Et l’on entend dans l’ombre où de grands feux s’étagent
    Le bruit...

  • Oh ces villes, par l’or putride, envenimées !
    Clameurs de pierre et vols et gestes de fumées,
    Dômes et tours d’orgueil et colonnes debout
    Dans l’espace qui vibre et le travail qui bout,
    En aimas-tu l’effroi et les affres profondes
    Ô toi, le voyageur
    Qui t’en allais triste et songeur,
    Par les gares de feu qui ceinturent le monde ?...

  • Ah ! sapristi ! le bon vin
    D’où qu’il vînt,
    Ami, que tu m’as fait boire !
    Quand il viendrait du Brésil,
    Je dis qu’il
    Est digne du Saint Ciboire....

  • Ce pape-là me renverse,
    Qui, dans un accord divin,
    Sait joindre à son saint commerce
    Celui de marchand de vin.

    Je ne sais rien de plus digne :
    Répandre sous le ciel bleu
    L’auguste sang de la Vigne,
    Avec le verbe de Dieu !

    Mais laissons là le pontife.
    Parlons du marchand de vin.
    Une chose m’ébouriffe
    Toujours d’un marchand de...

  • Il paraîtrait que les Anglais,
    Dont on connaît la tempérance,
    Pour se venger de nos pamphlets,
    Ne veulent plus des vins de France !

    Ni Bourguignon, ni Bordelais.
    Je veux que m’emporte le Diantre,
    S’ils ne boudent pas leur palais,
    S’ils n’en veulent point à leur ventre.

    Nos vins généreux et subtils,
    Ils vont nous les laisser pour compte,...

  •  
    I

    C’est le vingt-quatre juin ! c’est l’été qui commence
    Et verse à flots ses feux à l’étendue immense.
    Sous nos cieux tout est joie, harmonie et clarté,
    Partout brille au soleil la splendeur de l’érable.
    C’est le vingt-quatre juin ! c’est l’aube incomparable…
    C’est la fête du peuple et de la Liberté.

    C’est la fête du peuple et le jour de la...

  •  
    À Mme C. P.

    La jeune mère, avec son fils, sur le gazon
    Du parc vient de humer la brise printanière.
    Le soleil moribond de sa lueur dernière
    Empourpre vaguement le bord de l’horizon.

    À peine le baiser du vent met un frisson
    Dans les arbres mirant leurs fronts dans la rivière.
    L’ombre déjà brunit bois, pré, rocher, buisson....

  • Elles sont le souvenir clair
    De Celle qui mourut hier
    Et qui dort entre quatre planches,
    Les violettes blanches.

    Car elle les aimait jadis,
    Et moi, je...

  • L’air pleure le printemps fervent.
    Les arbres souffrent dans le vent,
    Sans opulence et sans couronne…
    Ah ! les violettes d’automne !

    Tu viens, toi que je n’aime plus,
    Portant les regrets superflus,
    Et plus pâle qu’une madone…
    ...

  • Le fleuve qui, libre et tranquille,
    Traîne ses marnes et ses eaux
    Au milieu des pâles roseaux,
    Presse en ses bras une longue île,

    Qui semble un navire échoué
    Par quelque héroïque aventure,
    Perdant sa forme et sa nature,
    Dormeur à l’oubli dévoué.

    Le cri rauque et le vol des grues
    Percent les...