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    Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche,
    Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ;
    Ton pur sommeil était si calme et si charmant
    Que tu n’entendais pas l’oiseau chanter dans l’ombre ;
    Moi, pensif, j’aspirais toute la douceur sombre
    Du mystérieux firmament.

    Et j’écoutais voler sur ta tête les anges ;
    Et je te regardais dormir...

  • Madame, en ce jour si beau
    Qui vous annonce un an nouveau,
    Je vous souhaite de bonnes années,
    Des jours de soie et d’or filés,
    Et surtout en votre vieillesse
    De bons enfants et des richesses.
    Ainsi, madame, pour en finir,
    C’est avec bien du plaisir
    Que je...

  • Oh ! votre œil est timide et votre front est doux.
    Mais quoique, par pudeur ou par pitié pour nous,
    Vous teniez secrète votre âme,
    Quand du souffle d’en haut votre cœur est touché,
    Votre cœur, comme un feu sous la cendre caché,
    ...

  •                            VI

    Ce que j'ai fait est bien. J'en suis puni. C'est juste.
    Vous qui, dans l'affreux siège et dans l'épreuve auguste,
    Fûtes vaillante, calme et charmante, bravant
    Cette guerre hideuse et ce noir coup de vent,
    Belle âme que le ciel fit sœur d'une âme haute,
    Femme du penseur fier et doux, dont j'étais l'hôte,...

  • Amis ! c’est donc Rouen, la ville aux vieilles rues,
    Aux vieilles tours, débris des races disparues,
    La ville aux cent clochers carillonnant dans l’air,
    Le Rouen des châteaux, des hôtels, des bastilles,
    Dont le front hérissé de flèches et d’aiguilles
    Déchire incessamment les brumes de la mer ;

    C’est Rouen qui vous a ! Rouen qui vous enlève !
    Je ne m’...

  • Amis, mes deux amis, mon peintre, mon poëte !
    Vous me manquez toujours, et mon âme inquiète
    Vous redemande ici.
    Des deux amis, si chers à ma lyre engourdie,
    Pas un ne m’est resté. Je t’en veux, Normandie,
    ...

  •  
    Hélas ! Comme c’est peu compris, les grandes âmes !
    L’orage était bien noir quand nous nous rencontrâmes ;
    Je livrais au vieux monde un assaut hasardeux ;
    Je luttais ; vous, tribuns de l’art, maîtres tous deux,
    Forts, dressant devant moi votre épée étoilée,
    Vous me prîtes la main dans l’ardente mêlée ;
    Et dans ce siècle, où l’âme est en proie aux...

  • L'aigle, c'est le génie ! oiseau de la tempête,
    Qui des monts les plus hauts cherche le plus haut faîte ;
    Dont le cri fier, du jour chante l'ardent réveil ;
    Qui ne souille jamais sa serre dans la fange,
    Et dont l'oeil flamboyant incessamment échange
    Des éclairs avec le soleil.

    Son nid n'est pas un nid de mousse ; c'est une aire,
    Quelque rocher,...

  • XXX

    Un jour l’ami qui reste à ton cœur qu’on déchire
    Contemplait tes malheurs,
    Et, tandis qu’il parlait, ton sublime sourire
    Se mêlait à ses pleurs :

    I

    "Te voilà donc, ô toi...

  • V

    Vous eûtes donc hier un an, ma bien-aimée.
    Contente, vous jasez, comme, sous la ramée,
    Au fond du nid plus tiède ouvrant de vagues yeux,
    Les oiseaux nouveau-nés gazouillent, tout joyeux
    De sentir qu'il commence à leur pousser des plumes.
    Jeanne, ta bouche est rose ; et dans les gros vo1umes
    Dont les images font ta joie,...