[43]
1. August 1914

Auf, Schweizer! Hört...

Poet: Paul Haller

Ô Muses, par tous ces héros que vous pleurez
Et qui sont morts, là-bas, loin de vos bras sacrés,
Vous voici, désormais, en une double Gloire,
Filles de la Patrie et sœurs de la Victoire !

Tes pas sont lourds. L’âge te courbe. Tu es vieux
Et cependant je vois une flamme en tes yeux…
Quels sont les mots confus que murmure ta bouche ?
Dis-moi, pourquoi cet air joyeusement farouche ?
Ah ! j’ai compris. Pardonne-moi. Ne réponds pas.
Ton deuil me dit assez...

Je jure de garder dans mon cœur cette haine
Jusqu’à son dernier battement ;
Que son venin sacré se mêle dans ma veine
...

« Hier encor, j’aimais les roses,
L’azur, les longs jours d’été,
Et les êtres et les choses
De lumière et de beauté.

« Aux murmures des fontaines,
À l’heure où l’étoile luit,
Se mêlaient des voix lointaines
Qui me parlaient dans la nuit.

« Elles...

On attend. Nul cœur n’est sombre
Du grand devoir accepté,
Car la lutte contre l’ombre
Finira par la clarté.

En vain la horde barbare
A rué son flot vivant,
Puisque sonne la fanfare
De nos clairons dans le vent,

Que les trois couleurs de France...

Ils ont dit, fous de haine et d’orgueil : « Nous allons
« Enfin fouler leur sol avec nos lourds talons !
« Notre aigle va couvrir de sa vaste envergure
« Ce clair Paris dont la beauté nous fait injure
« Et laissera tomber, de ses ailes, sur lui,
« Une ombre de...

La nuit avait semé ses nuages limpides
Tout autour de la lune, astre rêveur et blanc,
Qui, du ciel bleu foncé sur l'onde au pâle flanc,
Semblait faire pleuvoir l’argent en jets fluides.
 
La voile, au long du mât, pendait pleine de rides
Tant la brise était...

La haute cathédrale est grise, presque noire,
Et découpe un profil austère sur les cieux.
Une voix vague sort des blocs silencieux :
Dans leur langue gothique [2] ils nous disent de croire.

C’est le...

Sur le mur décrépit du cloître ancien et froid,
À droite, dans le fond de la salle où l’on croit
Sentir l’horreur des lieux où reviennent des ombres,
Voilée, et recevant des vitres toujours sombres
Le peu de jour qui sied à la paix des tombeaux,
Une peinture encor...