• Un coup de vent passa, souffle leste et charmant
    Qui fit tourbillonner les jupes follement.
    Je la savais ailée, étoilée, azurée,
    Je l'adorais ; mon âme allait dans l'empyrée
    A sa suite. Oh ! l'amour, c'est tout ; le reste est vain.
    Je ne supposais pas que cet être divin
    Qui m'emportait rêveur si loin de la matière,
    Eût des jambes ; soudain je vis sa...

  • Puisqu'ici-bas toute âme
    Donne à quelqu'un
    Sa musique, sa flamme,
    Ou son parfum ;

    Puisqu'ici toute chose
    Donne toujours
    Son épine ou sa rose
    A ses amours ;

    Puisqu'avril donne aux chênes
    Un bruit charmant ;
    Que la nuit donne aux peines
    L'oubli dormant ;

    Puisque l'air à la branche
    Donne l'oiseau ;
    Que l'...

  • Printemps. Mai le décrète, et c'est officiel.
    L'amour, cet enfer bleu très ressemblant au ciel,
    Emplit l'azur, les champs, les prés, les fleurs, les herbes ;
    Dans les hautes forêts lascives et superbes
    L'innocente nature épanouit son coeur
    Simple, immense, insulté par le merle moqueur.
    La volonté d'aimer règne, surnaturelle,
    Partout. - Comme on s'adore...

  • Toute une vie en nous, non visible, circule
    Et s'enchevêtre en longs remous intermittents ;
    Notre âme en est variable comme le temps ;
    Tantôt il y fait jour et tantôt crépuscule,
    Selon de brefs et de furtifs dérangements
    Tels que ceux du feuillage et des étangs dormants.
    Pourquoi ces accès d'ombre et ces accès d'aurore
    Dans ces zones de soi que soi-...