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    Le poète naïf, qui pense avant d’écrire,
    S’étonne, en ce temps-ci, des choses qui font rire.
    Au théâtre parfois il se tourne, et, voyant
    La gaîté des badauds qui va se déployant,
    Pour un plat calembour, des loges au parterre,
    Il se sent tout à coup tellement solitaire
    Parmi ces gros rieurs au ventre épanoui,
    Que, le front lourd et l’œil...

  •  
    L’assiégeant se rangeait sur l’immense plateau...
    Or Montcalm l’avait dit : ― L’on me verra, plutôt
    Que de céder au nombre,
    Jusqu’au dernier moment défendre sans pâlir
    Mes derniers bastions, et puis m’ensevelir
    Sous leur dernier décombre !

    Depuis des mois déjà, l’implacable ennemi
    Avait, sans respirer, sur la ville, vomi
    Des torrents de...

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    Qui que tu sois qui tiens un peuple dans ta main,
    Sultan, czar pseudo-grec, César pseudo-romain,
    Roi pour rire, empereur pour pleurer, Claude ou Jacques,
    Bonjour. Prospère, mange et règne, et fais tes pâques.
    Je ne conteste pas ton prestige, et l’émoi
    Que cause aux bonnes gens Ta Majesté. Pour moi,
    Quand dans la rue un roi, que sa garde enveloppe,...

  •  
    Moi, mes enfants, j’étais un patriote, un vrai !
    Je n’en disconviens pas ; et tant que je vivrai,
    L’on ne me verra point m’en vanter à confesse...
    Je sais bien qu’aujourd’hui maint des nôtres professe
    De trouver insensé ce que nous fîmes là.
    Point d’armes, point de chefs, c’est ceci, c’est cela ;
    On prétend que c’était faire d’un mal un pire
    ...

  • II

    Vision sombre ! un peuple en assassine un autre.

    Et la même origine, ô Saxons, est la nôtre !
    Et nous sommes sortis du même flanc profond !
    La Germanie avec la Gaule se confond
    Dans cette antique Europe où s'ébauche l'histoire.
    Croître ensemble, ce fut longtemps notre victoire ;
    Les deux peuples s'aidaient, couple...

  • Ton image en tous lieux peuple ma solitude.
    Quand c'est l'hiver, la ville et les labeurs d'esprit,
    Elle s'accoude au bout de ma table d'étude,
    Muette, et me sourit.

    A la campagne, au temps où le blé mûr ondule,
    Amis du soir qui tombe et des vastes couchants,
    Elle et moi nous rentrons ensemble au crépuscule
    Par les chemins des champs.

    ...

  • On parlera de sa gloire
    Sous le chaume bien longtemps.
    L'humble toit, dans cinquante ans,
    Ne connaîtra plus d'autre histoire.
    Là viendront les villageois
    Dire alors à quelque vieille
    Par des récits d'autrefois,
    Mère, abrégez notre veille.
    Bien, dit-on, qu'il nous ait nui,
    Le peuple encor le révère,
    Oui, le révère.
    Parlez-nous de...

  • Vision sombre ! un peuple en assassine un autre.

    Et la même origine, ô Saxons, est la nôtre !
    Et nous sommes sortis du même flanc profond !
    La Germanie avec la Gaule se confond
    Dans cette antique Europe où s'ébauche l'histoire.
    Croître ensemble, ce fut longtemps notre victoire ;
    Les deux peuples s'aidaient, couple heureux, triomphant,
    Tendre, et...

  • I

    L'art, c'est la gloire et la joie.
    Dans la tempête il flamboie ;
    Il éclaire le ciel bleu.
    L'art, splendeur universelle,
    Au front du peuple étincelle,
    Comme l'astre au front de Dieu.

    L'art est un champ magnifique
    Qui plaît au coeur pacifique,
    Que la cité dit aux bois,
    Que l'homme dit à la femme,
    Que toutes les voix de l'âme...

  • Il te ressemble ; il est terrible et pacifique.
    Il est sous l'infini le niveau magnifique ;
    Il a le mouvement, il a l'immensité.
    Apaisé d'un rayon et d'un souffle agité,
    Tantôt c'est l'harmonie et tantôt le cri rauque.
    Les monstres sont à l'aise en sa profondeur glauque ;
    La trombe y germe ; il a des gouffres inconnus
    D'où ceux qui l'ont bravé ne sont...