• François-Réal AngersLa Voix d’une ombre
    ...
  • Elle dort dans l'ombre des branches,
    Parmi les fleurs du bel été.
    Une fleur au soleil se penche...
    N'est-ce pas un cygne enchanté ?

    Elle dort doucement et songe.
    Son sein respire lentement.
    Vers son sein nu la fleur allonge
    Son long col frêle et vacillant.

    Et sans qu'elle s'en effarouche,
    La longue, pâle fleur a mis,
    ...

  • " Il luit dans l'ombre,
    Le beau fruit d'or,
    Il luit comme un trésor
    Entre ces feuilles.
    C'est pour toi qu'il a mûri,
    Le beau fruit du paradis.
    Quelles roses lui sont pareilles ?

    Voilés de leurs ailes,
    Les anges sommeillent...

    Voici que la nuit vient,
    Pas une étoile ne se lève.
    Oh ! rien
    Qu'un effleurement
    ...

  • Quand l'ombre menaça de la fatale loi
    Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
    Affligé de périr sous les plafonds funèbres
    Il a ployé son aile indubitable en moi.

    Luxe, ô salle d'ébène où, pour séduire un roi
    Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,
    Vous n'êtes qu'un orgueil menti par les ténèbres
    Aux yeux du solitaire ébloui de sa...

  • J'étais couché dans l'ombre au seuil de la forêt.
    Un talus du chemin désert me séparait.
    J'écoutais s'écouler près de moi, bruit débile,
    Une source qui sort d'une voûte d'argile.
    Par ce beau jour de juin brûlant et vaporeux
    L'horizon retenait des nuages heureux.
    Des faucheurs répandus à travers la prairie
    Abattaient ses remparts d'herbe haute et...

  • (extraits)

    ... Les fleurs souffrent sous le ciseau,
    Et se ferment ainsi que des paupières closes ;
    Toutes les femmes sont teintes du sang des roses ;
    La vierge au bal, qui danse, ange aux fraîches couleurs,
    Et qui porte en sa main une touffe de fleurs,
    Respire en souriant un bouquet d'agonies.
    Pleurez sur les laideurs et les ignominies,
    ...

  • Espérez ! espérez ! espérez, misérables !
    Pas de deuil infini, pas de maux incurables,
    Pas d'enfer éternel !
    Les douleurs vont à Dieu, comme la flèche aux cibles ;
    Les bonnes actions sont les gonds invisibles
    De la porte du ciel.

    Le deuil est la vertu, le remords est le pôle
    Des monstres garrottés dont le gouffre est la geôle ;
    Quand, devant...

  • Il lui disait : - Vos chants sont tristes. Qu'avez-vous ?
    Ange inquiet, quels pleurs mouillent vos yeux si doux ?
    Pourquoi, pauvre âme tendre, inclinée et fidèle,
    Comme un jonc que le vent a ployé d'un coup d'aile,
    Pencher votre beau front assombri par instants ?
    Il faut vous réjouir, car voici le printemps,
    Avril, saison dorée, où, parmi les zéphires,...

  • LE VIEUX MONDE

    Ô flot, c'est bien. Descends maintenant. Il le faut.
    Jamais ton flux encor n'était monté si haut.
    Mais pourquoi donc es-tu si sombre et si farouche ?
    Pourquoi ton gouffre a-t-il un cri comme une bouche ?
    Pourquoi cette pluie âpre, et cette ombre, et ces bruits,
    Et ce vent noir soufflant dans le clairon des nuits ?
    Ta vague monte...

  • Je suis fait d'ombre et de marbre.
    Comme les pieds noirs de l'arbre,
    Je m'enfonce dans la nuit.
    J'écoute ; je suis sous terre ;
    D'en bas je dis au tonnerre :
    Attends ! ne fais pas de bruit.

    Moi qu'on nomme le poëte,
    Je suis dans la nuit muette
    L'escalier mystérieux ;
    Je suis l'escalier Ténèbres ;
    Dans mes spirales funèbres
    ...