• L'amour de la Patrie est le premier amour
    Et le dernier amour après l'amour de Dieu.
    C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour
    Où notre regard luit comme un céleste feu ;

    C'est le jour baptismal aux paupières divines
    De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles
    Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines
    En fleur, l'air...

  • Le vent de l'autre nuit a jeté bas l'Amour
    Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,
    Souriait en bandant malignement son arc,
    Et dont l'aspect nous fit tant songer tout un jour !

    Le vent de l'autre nuit l'a jeté bas ! Le marbre
    Au souffle du matin tournoie, épars. C'est triste
    De voir le piédestal, où le nom de l'artiste
    Se lit péniblement parmi l'...

  • (A M. Louis de Ronchaud)

    I

    Regardez-les passer, ces couples éphémères !
    Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment,
    Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
    Font le même serment :

    Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent
    Avec étonnement entendent prononcer,
    Et qu'osent répéter des...

  • Ô jeunesse, fervent et clair foyer d'amour,
    Tu fais au ciel l'aveu sonore de ta joie,
    Et ta flamme, luttant d'éclat avec le jour,
    Aux quatre vents, pareille à la Chimère, ondoie !

    Mais tu n'as pas plus tôt brillé de tout ton feu
    Que, prompte à dévorer le sang qui t'alimente,
    Tu languis, déjà sombre, et tu meurs, et qu'au lieu
    Où tu brûlais...

  • L'amour nous fait trembler comme un jeune feuillage,
    Car chacun de nous deux a peur du même instant.
    " Mon bien-aimé, dis-tu très bas, je t'aime tant...
    Laisse... Ferme les yeux... Ne parle pas... Sois sage...

    Je te devine proche au feu de ton visage.
    Ma tempe en fièvre bat contre ton coeur battant.
    Et, le cou dans tes bras, je frissonne en sentant...

  • J'ai vu passer, l'autre matin,
    Un jeune Dieu dans la prairie ;
    Sous un costume de féerie
    Il sautillait comme un lutin.

    Tout perlé d'or et d'émeraude,
    Sans arc, sans flèche et sans carquois,
    En chantonnant des vers narquois,
    Il s'en allait comme en maraude.

    Il redonnait, à chaque bond,
    L'onde aux ruisseaux, des fleurs aux rives,
    Des...

  • Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse,
    C'est donc vous ! Je m'enivre encore à votre ivresse ;
    Je vous lis à genoux.
    Souffrez que pour un jour je reprenne votre âge !
    Laissez-moi me cacher, moi, l'heureux et le sage,
    Pour pleurer avec vous !

    J'avais donc dix-huit ans ! j'étais donc plein de songes !
    L'espérance en chantant me berçait de mensonges...

  • Ô toi d'où me vient ma pensée,
    Sois fière devant le Seigneur !
    Relève ta tête abaissée,
    Ô toi d'où me vient mon bonheur !

    Quand je traverse cette lieue
    Qui nous sépare, au sein des nuits,
    Ta patrie étoilée et bleue
    Rayonne à mes yeux éblouis.

    C'est l'heure où cent lampes en flammes
    Brillent aux célestes plafonds ;
    L'heure où...

  • La nature est pleine d'amour,
    Jeanne, autour de nos humbles joies ;
    Et les fleurs semblent tour à tour
    Se dresser pour que tu les voies.

    Vive Angélique ! à bas Orgon !
    L'hiver, qu'insultent nos huées,
    Recule, et son profil bougon
    Va s'effaçant dans les nuées.

    La sérénité de nos coeurs,
    Où chantent les bonheurs sans nombre,
    ...

  • Jeune fille, l'amour, c'est d'abord un miroir
    Où la femme coquette et belle aime à se voir,
    Et, gaie ou rêveuse, se penche ;
    Puis, comme la vertu, quand il a votre coeur,
    Il en chasse le mal et le vice moqueur,
    Et vous fait l'âme pure et blanche ;

    Puis on descend un peu, le pied vous glisse... - Alors
    C'est un abîme ! en vain la main s'attache aux...