•  
    A vous s’en vont mes vers tremblants
    S’abattre devant vos pieds blancs
    Comme des colombes blessées ;
    Vous êtes ce qu’ils ont chanté,
    L’espoir, la grâce, la beauté,
    Toutes mes chimères passées

    Tous mes rêves me sont rendus ;
    L’ange des paradis perdus
    A leur seuil sous vos traits demeure :
    O doux ange au front éclatant,
    Ouvrez-...

  •  
    ÊTES-VOUS femme, êtes-vous ange ?
    Ou votre nom mentit deux fois,
    O charmeresse dont la voix
    Tinte avec une grâce étrange ?

    Vos yeux dont le bleu divin change
    Comme celui des fleurs des bois
    Jettent, dans les cœurs aux abois,
    De crainte et d’espoir un mélange.

    De tous je ne sais rien vraiment.
    Peut être êtes-vous simplement,
    ...

  • Ami, tu disais toi-même :
    — Et j’entends encor ta voix ―
    « Il ne se peut pas qu’on aime
    Deux maîtresses à la fois ! »

    Tu m’as bien trompé !… regarde
    L’effet d’un mot hasardeux :
    J’ai vécu sans prendre garde,
    Voilà que j’en aime deux !

    Je ne sais pas trop laquelle
    Me cause moins de souci ;
    Car, si l’une est la plus belle,
    L’...

  • Amour et charité ! quelque part qu’on vous trouve,
    Dieu va venir : qu’un seul s’en souvienne et le prouve,
    Qu’un seul où je m’en vais me réclame tout bas :
    Qui donc me sauverait, s’il ne me sauvait pas ?
    S’il ne disait : Pitié ! c’est moi… Non ! qu’il se taise.
    Non ! qu’en frappant sur moi l’éternité s’apaise.
    Moi, je veux bien pleurer, et mourir, et mourir...

  •  
    C’est celle dont jadis la vaporeuse image
    M’apparut en fuyant, comme un léger nuage
    Glisse en un ciel d’azur…
    (A. J. Guirot)

    Bientôt j’irai dormir d’un sommeil sans alarmes ;
    Heureux si, dans la nuit dont je serai couvert,
    Un œil indifférent donne en...

  • I

    Regardez-les passer, ces couples éphémères !
    Dans les bras l’un de l’autre enlacés un moment,
    Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
    Font le même serment :...

  •  

    Fait d’héroïsme et de clémence,
    Présent toujours au moindre appel,
    Qui de nous peut dire où commence,
    Où finit l’amour maternel ?

    Il n’attend pas qu’on le mérite,
    Il plane en deuil sur les ingrats ;
    Lorsque le père déshérite,
    La mère laisse ouverts ses bras ;

    Son crédule dévoûment reste
    Quand les plus vrais nous ont menti,
    ...

  • Filles de Jupiter, vierges aux longues tresses,
    Je dirai de Vulcain les antiques détresses,
    Et quel bâtard céleste arriva le premier
    Avant l’enfant amour et le filet d’acier !

    Quand Vénus au dieu Mars, sous les pins de Sicile,
    Pour la première fois fut pliante et facile,
    Le boiteux immortel, le forgeron divin
    Jura ― les dieux puissants ne jurent pas...

  •  

    COMME si vous aviez pris racine en mon cœur,
    Je vous dirai toujours : Beaux arbres , je vous aime !
    Erables, vous surtout, dont la feuille est l’emblème
    Du pays où je vis ma joie et ma douleur.

    Qu’un tendre amour rend l’âme encline à la douceur !
    Depuis que j’ai passé sous votre ombre, un poème
    Chante adorablement au-dedans de moi-même,
    Comme...

  • Dans le jardin, où des lions mélancoliques
    Traînent le char du vieil amour,
    Mes yeux ont allumé leurs braises sur la tour
    Et regardent, mélancoliques,
    Traîner le char du vieil amour.

    Des chapelets de seins enguirlandent le bord
    Des seins de reine, où sont plantés des couteaux d’or.

    Le sourire des Omphales, qui plus ne bouge,
    Et les yeux de...