Par les nuits sublimes d'été,
Sous leur dôme d'or et d'opale,
Je demande à l'immensité
Où sourit la forme idéale.
Plein d'une angoisse de banni,
A travers la flore innombrable
Des campagnes de l'infini,
Je poursuis ce lis adorable...
S'il brille au firmament profond,
Ce n'est pas pour moi qu'il y brille :
J'ai beau chercher, tout se...
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Si peu d'oeuvres pour tant de fatigue et d'ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l'heure utile a fui...
"Demain ! J'irai demain voir ce pauvre chez lui,
"Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
"Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
"Demain je... -
Ah ! le cours de mes ans ne peut que faire envie :
Je ne maudirai pas le jour où je suis né.
Si Dieu m'a fait souffrir, il m'a beaucoup donné,
Je ne me plaindrai pas d'avoir connu la vie.
De la félicité que j'avais poursuivie
Le trop vaste horizon s'est aujourd'hui borné,
J'attends, calme et rêveur, ce qui m'est destiné ;
Qu'importe l'avenir ? mon... -
Pendant avril et mai, qui sont les plus doux mois,
Les couples, enchantés par l'éther frais et rose,
Ont ressenti l'amour comme une apothéose ;
Ils cherchent maintenant l'ombre et la paix des bois.
Ils rêvent, étendus sans mouvement, sans voix ;
Les coeurs désaltérés font ensemble une pause,
Se rappelant l'aveu dont un lilas fut cause
Et le bonheur... -
Dans un flot de gaze et de soie,
Couples pâles, silencieux,
Ils tournent, et le parquet ploie,
Et vers le lustre qui flamboie
S'égarent demi-clos leurs yeux.
Je pense aux vieux rochers que j'ai vus en Bretagne,
Où la houle s'engouffre et tourne, jour et nuit,
Du même tournoîment que toujours accompagne
Le même bruit.
La valse molle cache... -
Un oiseau solitaire aux bizarres couleurs
Est venu se poser sur une enfant ; mais elle,
Arrachant son plumage où le prisme étincelle,
De toute sa parure elle fait des douleurs ;
Et le duvet moelleux, plein d'intimes chaleurs,
Épars, flotte au doux vent d'une bouche cruelle.
Or l'oiseau, c'est mon coeur ; l'enfant coupable est celle,
Celle dont je... -
Je rêve, et la pâle rosée
Dans les plaines perle sans bruit,
Sur le duvet des fleurs posée
Par la main fraîche de la nuit.
D'où viennent ces tremblantes gouttes ?
Il ne pleut pas, le temps est clair ;
C'est qu'avant de se former, toutes,
Elles étaient déjà dans l'air.
D'où viennent mes pleurs ? Toute flamme,
Ce soir, est douce au... -
Pour peu que votre image en mon âme renaisse,
Je sens bien que c'est vous que j'aime encor le mieux.
Vous avez désolé l'aube de ma jeunesse,
Je veux pourtant mourir sans oublier vos yeux,
Ni votre voix surtout, sonore et caressante,
Qui pénétrait mon coeur entre toutes les voix,
Et longtemps ma poitrine en restait frémissante
Comme un luth solitaire... -
Nature, accomplis-tu tes oeuvres au hasard,
Sans raisonnable loi ni prévoyant génie ?
Ou bien m'as-tu donné par cruelle ironie
Des lèvres et des mains, l'ouïe et le regard ?
Il est tant de saveurs dont je n'ai point ma part,
Tant de fruits à cueillir que le sort me dénie !
Il voyage vers moi tant de flots d'harmonie,
Tant de rayons qui tous m'arriveront... -
Quand on est sous l'enchantement
D'une faveur d'amour nouvelle,
On s'en défendrait vainement,
Tout le révèle :
Comme fuit l'or entre les doigts,
Le trop-plein de bonheur qu'on sème,
Par le regard, le pas, la voix,
Crie : elle m'aime !
Quelque chose d'aérien
Allège et soulève la vie,
Plus rien ne fait peine, et plus rien
Ne fait...