• Elle dort dans l'ombre des branches,
    Parmi les fleurs du bel été.
    Une fleur au soleil se penche...
    N'est-ce pas un cygne enchanté ?

    Elle dort doucement et songe.
    Son sein respire lentement.
    Vers son sein nu la fleur allonge
    Son long col frêle et vacillant.

    Et sans qu'elle s'en effarouche,
    La longue, pâle fleur a mis,
    ...

  • Du monde invisible et d'aurore
    Où me guidaient mes anges pieux,
    Qui viendra me rouvrir les yeux ?
    Voici le jour. Je rêve encore.

    Le doux enchantement des airs
    Qui passent sur les roseraies,
    Dans mes prunelles azurées
    Vient comme une aube au fond des mers.

    Heures et choses incertaines ;
    Au loin, dans des bosquets de fleurs,
    ...

  • Sur mes seins, mes mains endormies,
    Lasses des jeux et des fuseaux,
    Mes blanches mains, mes mains amies
    Semblent dormir au fond des eaux.

    Loin des peines tristes et vaines,
    En ce trône de ma beauté,
    Calmes, lentes et frêles reines,
    Mes mains songent de royauté.

    Et seule dans mes tresses blondes,
    Et mes yeux clos comme jadis,...

  • Quand vient le soir,
    Des cygnes noirs,
    Ou des fées sombres,
    Sortent des fleurs, des choses, de nous
    Ce sont nos ombres.

    Elles avancent ; le jour recule.
    Elles vont dans le crépuscule,
    D'un mouvement glissant et lent.
    Elles s'assemblent, elles s'appellent,
    Se cherchent sans bruit,
    Et toutes ensemble,
    De leurs petites ailes,...

  • " Nous voici. Dans le ciel naît l'aurore nouvelle,
    La mort s'efface, Enfant, et le malheur n'est plus,
    A travers les airs bleus, de l'éclair de nos ailes,
    En foule auprès de toi nous voici revenus.

    Regardé, Ève divine, écarte tes mains pâles
    De ton visage plus doux que l'aurore, vois,
    Nous nous tenons comme une troupe triomphale,
    Debout dans la...

  • Regarde au fond de nous : nous sommes l'Emeraude
    Eternelle, et feuillue, et qui semble une mer,
    Où rôdent des parfums à travers la nuit chaude,
    Où circule le flot des grands anges de l'air.

    Nous sommes la forêt énorme et murmurante,
    Pleine d'ombre éblouie et de sombre splendeur,
    Qui respire et qui vit, où mille oiseaux d'or chantent,
    Et dont la...

  • Le soir fraîchissait dans les roses.
    Inquiets de troubler ce charme défaillant,
    Des êtres inconnus, voluptueusement,
    Atténuaient les choses
    De voiles hyacinthes, semblables à des mers.
    Tout s'effaçait en un calme silence,
    Et devenait l'imperceptible hier.
    Des choses qui mouraient paraissaient immortelles,
    D'autres, languissamment, s'exhalaient dans...

  • L'onde tremble comme une moire
    De ténèbre à travers la nuit,
    L'onde profonde, sourde et noire,
    Où tout à coup la lune luit.

    Du fond des eaux la lune attire
    De pâles, longues, frêles fleurs,
    Qui montent, s'ouvrent et se mirent
    Dans son impalpable splendeur.

    Mystérieusement écloses,
    Comme un mortel pressentiment,
    Dans l'onde...

  • C'est de leurs voix que j'ai redit
    Leurs paroles, mais plus haut qu'elles,
    Tu voles, ma chanson aux ailes
    Bleues d'oiseau de Paradis !

    Ô ma chanson, tu les dépasses,
    Tu leur ouvres l'immense azur !
    Et tu jettes leur rire obscur
    En mille étoiles dans l'espace.

    Leur pauvre coeur silencieux,
    S'approfondit quand tu le touches ;
    L...

  • La voix qui sous les feuilles profondes chantait là,
    Cette nuit, qu'une inquiète et tendre âme exhala,
    Voilant de son sourire sa frêle grâce atteinte,
    S'en est allée avec cette âme qui s'est éteinte.
    Son mystérieux frisson dans l'aurore a passé.
    Elle parlait d'Enfance, d'Ailleurs et du Passé.
    C'était une voix d'ombre : maintenant elle est morte,
    Et...