• Tandis qu’au restaurant en face : Aux barreaux verts
    On prépare, au salon. de cinquante couverts,
    Un de ces longs repas que l’argenteuil arrose
    Et qu’orne un grand nougat surmonté d’une rose,
    Toute la noce, avec de gros rires grivois,
    Monte joyeusement sur les chevaux de bois
    Et tourne, au son de l’orgue, en enfilant des bagues ;
    Et c’est dans...

  • À mon cher cousin et ami Auguste Baudrit.

    I

    Elle était orpheline et servait dans les fermes.
    Saint-Martin et Saint-Jean d’été sont les deux termes
    Où les gros métayers, au chef-lieu de canton,
    Disputant et frappant à terre du bâton,
    Viennent, pour la saison, louer des domestiques....

  • Vous aurez beau faire & beau dire.
    L’oubli me serait odieux ;
    Et je vois toujours son sourire
           Des adieux.
     
    Vous aurez beau dire & beau faire,
    Sans espoir je dois la chérir ;
    J’en souffre bien, mais je préfère
           En souffrir.
     

    Vous aurez beau faire & beau dire.
    Dût-elle même l’ignorer,
    Je veux,...

  •  
    Avant que le froid glace les ruisseaux
    Et voile le ciel de vapeurs moroses,
    Écoute chanter les derniers oiseaux,
    Regarde fleurir les dernières roses.

    Octobre permet un moment encor
    Que dans leur éclat les choses demeurent ;
    Son couchant de pourpre et ses arbres d’or
    Ont le charme pur des beautés qui meurent.

    Tu sais que cela ne peut...

  •  

    JE l’apercevais, chaque soir,
    La blonde et chétive apprentie,
    Dont un vieux beau, sur le trottoir,
    Guettait ardemment la sortie.

    Seize ans, l’air déjà vicieux
    Et cherchant le regard du mâle ;
    Mais des cheveux, des dents,. des yeux !...
    Et pâle, si joliment pâle !

    Triomphante, entre trois amants,
    Dans sa loge, un...

  •  
    Sous le vieil Aureng-Zeb, à Bénarès la Sainte,
    Dans l’immonde quartier construit hors de l’enceinte
    Où pullulent, sans même un dieu qui leur soit cher,
    Les parias impurs qui mangent de la chair,
    Deux enfants au visage innocent, au cœur chaste,
    Mais qui, marqués du type exécré de leur caste,
    Plus que les chiens lépreux par tous étaient chassés,
    ...

  •  
    Il rentrait toujours ivre et battait sa maîtresse.
    Deux sombres forgerons, le Vice et la Détresse,
    Avaient rivé la chaîne à ces deux malheureux.
    Cette femme était chez cet homme ― c’est affreux ! ―
    Seulement par l’effroi de coucher dans la rue.
    L’ivrogne la trouvait toujours aigre et bourrue
    Le soir, et la frappait. Leurs cris et leurs jurons
    ...

  •  

    ON va voter. Paisible assembleur d’hémistiches,
    Je reste froid. Mais j’ai l’horreur de ces affiches
    Aux tons crus et de leurs grotesques boniments.
    Malgré moi, je les lis sur tous les monuments ;
    Je compare, écœuré de patois inutile,
    La colle du papier et la glaire du style ;
    J’y prends même, à la longue, un intérêt réel,
    ― C’...

  •  

    JE refuse l’aumône : un pauvre meurt de faim.
    Je la donne : un coquin se soûle et bat sa femme.
    Et le plus scrupuleux, qu’il se loue ou se blâme,
    De sa moindre action ne peut prévoir la fin.

    Que faire ou ne pas faire ? Hélas ! nul n’en sait rien.
    Tel grand dessein, jailli du meilleur de notre âme,
    Se corrompt et produit un résultat...

  • C’était un tout petit épicier de Montrouge,
    Et sa boutique sombre, aux volets peints en rouge,
    Exhalait une odeur fade sur le trottoir.
    On le voyait debout derrière son comptoir,
    En tablier, cassant du sucre avec méthode.
    Tous les huit jours, sa vie avait pour épisode

    Le bruit d’un camion apportant des tonneaux
    De harengs saurs ou bien des caisses de...