• Réveillez-vous, arbres des bois !
    Tressaillez toutes à la fois,
    Forêts profondes !
    Et, loin des rayons embrasés,
    À la fraîcheur de nos baisers
    Livrez vos ondes !

    Aimez-nous !
    Chantez tous,
    Pins et houx,
    Fougères !
    Nous passons,
    Nous glissons,
    Nous valsons,
    Légères !

    Oh ! comme, avec un bruit joyeux,
    ...

  • Bois chenus ! ah ! vent d’automne !
    L’oiseau fuit ! ah ! l’herbe est jaune !
    Le soleil ! ah ! s’est pâli !
    J’ai le cœur, ah ! bien rempli !

    Sous ma nef, ah ! l’eau moutonne,
    Et répond, ah ! monotone
    À mon chant, ah ! si joli.

    Quels regrets, ah ! l’amour donne !
    L’âge arrive, ah ! puis l’oubli !

    L’empereur Vou-Ti.

  •  

    Petits serins, petits moineaux,
    Passez la tête à vos barreaux,
    Je viens des bois et de la plaine,
    De mouron frais ma hotte est pleine.

    Mouron ! mouron !
    Qui veut du mouron !

    Au long des prés et des ruisseaux,
    Des champs tout blonds aux verts coteaux,
    Parmi la mousse et la bruyère,
    Je vais cherchant la graine amère...

    ...

  •  

    Je la vis seule, aux derniers rangs assise ;
    Des feux du lustre éclairée à demi,
    Elle courbait, comme un chat endormi,
    Son dos frileux, sous sa fourrure grise.

    Sa main mignarde, aux gestes ambigus,
    Dans un gant paille avait rentré ses griffes ;
    Ses longs yeux verts, comme deux escogriffes,
    Dévotement fermaient leurs cils aigus.

    À...

  • L’Aube aux pieds d’argent descend des montagnes ;
    La Nuit s’est cachée au fond des grands bois ;
    Tous les nids d’oiseaux chantent à la fois.
    Hardis chevriers, quittons nos compagnes !

    Les sentiers couverts de mousse et de thym
    Mettront sous nos pas un tapis superbe,
    Et nous ferons choir en passant sur l’herbe
    Du bout des rameaux, les pleurs du matin...

  •  

    Savez-vous, gens de Paris,
    Dont on voit les faces ternes
    Sous des arbres rabougris
    Où fleurissent des lanternes,

    Quand, au long des boulevards,
    Vous assiégez d’une lieue
    Les gros drames, ces renards
    Dont l’été coupe la queue !...

    Savez-vous que le bon Dieu,
    Chassant la brume morose,
    Sur la toile du ciel bleu
    Brosse...

  •  
    À Asinius Sempronins Rufus.

    Salut, Sempronius, mortel inimitable !
    Ô toi qui le premier fis servir sur ta table
    La cigogne au pied rouge et le turbot marin.
    L’artiste, éternisant ta divine effigie,
    Devait tailler pour toi les marbres de Phrygie
    Et graver tes traits sur l’airain.

    Pour te montrer plus grand aux nations béantes,
    ...

  •  
    À mon ami A. Pigny.

    I

    Soulevant le rideau des ombres,
    La pâle lune, lentement,
    Des fleuves noirs aux forêts sombres
    Étale son rayonnement,

    Et sur le vert tapis des mousses
    Où la nuit épand sa fraîcheur,
    On sent planer deux choses douces.
    La solitude et la blancheur.

    Jour timide, aube solitaire
    Qui nous...

  •  

    L’ombre descend, la terre est brune,
    Tous les bruits meurent à la fois ;
    Seul, les yeux fixés sur la lune,
    Le crapaud chante au bord du bois.

    Du vieux tronc qu’un lierre festonne
    Il sort ainsi, quand vient le soir.
    Comme une flûte monotone,
    Sa voix monte sous le ciel noir.

    Ah ! pauvre ami, vieux camarade !
    Que dit-elle à l’astre...

  • Toute chose, ici-bas, cherchant Dieu comme un pôle,
    Se tourne, en frémissant, vers son dôme éternel :
    Élancé dans les airs, le mont, sur son épaule,
    Comme un pavillon bleu porte le vaste ciel.

    Le cèdre du Liban, loin de la roche nue,
    Pousse toute sa sève à flots tumultueux,
    Géant désespéré qui, pour toucher la nue,
    Hausse son front superbe et tord...