• (Traduit d’Anacréon.)

    La fille de Tantale, en sa forme nouvelle,
    Sur les bords phrygiens devint pierre, dit-on ;
    Et les dieux ont donné le vol de l’hirondelle
    À la fille de Pandion.

    Que je sois ton miroir, pour que vers moi sans cesse
    Tu penches ton beau front orné par les amours !
    Que je sois ta tunique, ô ma blanche maîtresse,...

  •  

    Pourquoi pleurer, ma petite,
    Lorsque le jour est fini ?
    Fais silence ! et dors bien vite,
    Comme un oiseau dans sou nid !

    Au bruit des vents de décembre,
    Songe, songe, entre tes draps,
    Comme il fait bon dans ta chambre,
    Et comme on a froid là-bas !

    Loin des flots et du rivage,
    Dans mon pays, quelquefois,
    Un enfant qui n’est...

  •  
    Tristes Deos !

    Horatius.

    Artiste au front sacré, poète aux belles rimes,
    Voyageur attiré vers les songes vermeils,
    Toi qui portes aux pieds ces poussières sublimes
    Qu’on soulève, en marchant, au pays des soleils.

    Quand je t’ai vu passer, dans ta force et ton calme,
    Traînant, comme un manteau, ta popularité,
    J’ai tendu mes deux...

  • I

    Une ruine immense et formidable à voir !

    Le jour qui se levait, sur les tours au flanc noir
    Étalait sa lumière, et, comme une ironie,
    Faisait lutter sa joie avec cette agonie.

    Pareille à quelque monstre oublié par les eaux
    Dont le temps, sur la grève, a rongé les grands os,
    La vieille basilique, avec des bruits funèbres,
    Parfois, dans l’...

  • Les hommes sont si mauvais
    Que, sans pleurer, je m’en vais
         Du monde.
    Pour la haine ou l’amitié
    Je n’ai plus qu’une pitié
         Profonde.

    Au point de nous empester,
    Chaque jour on voit monter
         Les fanges.
    Dans mon désespoir fougueux
    Je ne crois pas plus aux gueux
         Qu’aux anges.

    J’ai souffert tant

    de...

  • I

    Le soleil va chasser la nuit ;
    Pâle Phoebé, reine aux longs voiles,
    Il est temps de rentrer, sans bruit,
    Ton troupeau de blanches étoiles !

    Déjà des bois silencieux
    L’aube pénètre le mystère…
    Que fais-tu si tard dans les cieux,
    Quand nous t’attendons sur la terre ?

    II

    Elle vient ! Elle vient !… de son pied diligent
    ...

  • Il poussait, à l’écart, plein d’un immense ennui,
    Sinistre, hérissé, comme pour les querelles.
    L’abeille, en frissonnant, se détournait de lui ;
    Les fleurs le regardaient et chuchotaient entre elles.

    — « D’où vient qu’il est morose et n’épanouit pas
    Son calice odorant sous le baiser des brises ?
    Au mois des papillons, a-t-il peur des frimas ? »
    ...

  • Ami, tu disais toi-même :
    — Et j’entends encor ta voix ―
    « Il ne se peut pas qu’on aime
    Deux maîtresses à la fois ! »

    Tu m’as bien trompé !… regarde
    L’effet d’un mot hasardeux :
    J’ai vécu sans prendre garde,
    Voilà que j’en aime deux !

    Je ne sais pas trop laquelle
    Me cause moins de souci ;
    Car, si l’une est la plus belle,
    L’...

  • Filles de Jupiter, vierges aux longues tresses,
    Je dirai de Vulcain les antiques détresses,
    Et quel bâtard céleste arriva le premier
    Avant l’enfant amour et le filet d’acier !

    Quand Vénus au dieu Mars, sous les pins de Sicile,
    Pour la première fois fut pliante et facile,
    Le boiteux immortel, le forgeron divin
    Jura ― les dieux puissants ne jurent pas...

  • Près des colombes, sous les toits,
    Au détour de la vieille rue,
    Dans ma chambrette d’autrefois
    Ma jeunesse m’est apparue ;

    Ses cheveux flottaient sur son cou
    Libres et blonds comme les gerbes ;
    Ses yeux fixés on ne sait où
    Étaient pleins de rayons superbes ;

    Au seuil du pauvre appartement
    Elle dressait toute sa taille ;
    Et sa voix...