• Hé ! Dieu ! qut je forte d’envie — — — — — 69
    Bien que cette maison ne vante son porphyre — — " 7 2
    Encores que la mer de bien loin nous sépare — — "7*
    Bien que Bacchus soit le prince des vins. — — — yj
    Ton esprit est, Ronsard, plus gaillard que le mien "73
    Ronsard repose ici, qui, hardi dh f enfance — — 74

    JOACHIM DU BELLAY (1524-1560)

    Tout ce qu...

  • Ton esprit est, Ronsard, plus gaillard que le mien ;
    Mais mon corps est plus jeune et plus fort que le tien ;
    Par ainsi je conclus qu'en savoir tu me passe
    D'autant que mon printemps tes cheveux gris efface.
    L'art de faire des vers, dût-on s'en indigner,
    Doit être à plus haut prix que celui de régner.
    Tous deux également nous portons des couronnes
    Mais...

  • Entrant le peuple en tes sacrez bocaiges,
    Dont les sommez montent jusques aux nues
    Par l'espesseur des plantes incognues,
    Trouvoit la nuict en lieu de frez umbraiges.

    Or te suivant le long des beaux rivaiges
    Où les neuf seurs à ton chant sont venues,
    Herbes, et fruitz, et fleurettes menues
    Il entrelace en cent divers ouvraiges.

    Ainsy,...

  • Pipé des ruses d'Amour
    Je me promenois un jour
    Devant l'huis de ma cruelle,
    Et tant rebuté j'estois,
    Qu'en jurant je prometois
    De m'enfuir de chez elle.

    Il sufist d'avoir esté
    Neuf ou dix ans arresté
    Es cordes d'Amour, disoie,
    Il faut m'en developer,
    Ou bien du tout les couper
    Afin que libre je soie.

    Et pour ce faire, je...

  • Ronsard si tu as su par tout le monde épandre
    L'amitié, la douceur, les grâces, la fierté,
    Les faveurs, les ennuis, l'aise et la cruauté,
    Et les chastes amours de toi et ta Cassandre,

    Je ne veux à l'envi pour sa nièce, entreprendre
    D'en rechanter autant comme tu as chanté,
    Mais je veux comparer à beauté la beauté,
    Et mes feux à tes feux, et ma cendre...

  • L'on a blâmé Ronsard d'avoir, vieil sacrilège,
    Un noir bouc immolé, l'ayant voulu aimer ;
    Je dis que le menteur qui l'osa diffamer,
    Lui-même aurait bien fait comme Oris de Liège :

    Cet Oris plein des feux de sa mignarde vierge,
    Furieux, à minuit, commença de nommer
    Tout ce qui fut d'affreux en l'Argolique mer,
    Tête nue, pieds nus, tenant en main un...

  • Divin Ronsard, après que la douleur
    M'aura couché sous une froide lame,
    Et que l'Amour, sans barque ni sans rame,
    M'aura fait voir le monde sans couleur,

    Après ma mort, sanglote mon malheur,
    Et d'un long cri qui les rochers entame
    Dis aux passants qu'aux regards de ma dame,
    Chaud et brûlant j'immolai tout mon coeur.

    Arrose après mon...

  • ... Adieu, mon cher Ronsard ; l'abeille est votre tombe
    Fasse toujours son miel ;
    Que le baume arabic à tout jamais y tombe,
    Et la manne du ciel.
    Le laurier y verdisse avecque le lierre
    Et le mirthe amoureux ;
    Riche en mille boutons, de toutes parts l'enserre
    Le rosier odoreux,
    Le tin, le basilic, la franche marguerite,
    Et notre lis françois
    ...

  • Ne t'ébahis, Ronsard, la moitié de mon âme,
    Si de ton Du Bellay France ne lit plus rien,
    Et si avec l'air du ciel italien
    Il n'a humé l'ardeur qui l'Italie enflamme.

    Le saint rayon qui part des beaux yeux de ta dame
    Et la sainte faveur de ton prince et du mien,
    Cela, Ronsard, cela, cela mérite bien
    De t'échauffer le coeur d'une si vive flamme.
    ...

  • Si mes écrits, Ronsard, sont semés de ton los,
    Et si le mien encor tu ne dédaignes dire,
    D'être enclos en mes vers ton honneur ne désire,
    Et par là je ne cherche en tes vers être enclos.

    Laissons donc, je te prie, laissons causer ces sots,
    Et ces petits galants, qui, ne sachant que dire,
    Disent, voyant Ronsard et Bellay s'entr'écrire,
    Que ce sont...