• Un jeune Icare englouti dans la mer
    Un chaud soleil sentit à son dommage,
    Moi j'en sens deux à qui je fais hommage,
    Dans l'air d'amour voulant trop haut ramer.

    Fol est celui qui veut trop haut aimer :
    En haute mer plus cruel est l'orage.
    On doit partout modérer son courage,
    Aux hauts désirs la porte il faut fermer.

    D'aspirer haut, quand...

  • A mon plaisir vous faites feu et basme,
    Parquoi souvent je m'étonne, madame,
    Que vous n'avez quelque ami par amours :
    Au diable l'un, qui fera ses clamours
    Pour vous prier, quand serez vieille lame.

    Or, en effet, je vous jure mon âme,
    Que si j'étais jeune et gaillarde femme,
    J'en aurais un devant qu'il fut trois jours
    A mon plaisir.

    Et...

  • En languissant et en griève tristesse
    Vit mon las coeur, jadis plein de liesse,
    Puisque l'on m'a donné mari vieillard.
    Hélas, pourquoi ? Rien ne sait du vieil art
    Qu'apprend Vénus, l'amoureuse déesse.

    Par un désir de montrer ma prouesse
    Souvent l'assaus : mais il demande : " où est-ce ? ",
    ou dort (peut-être), et mon coeur veille à part
    En...

  • Pourquoi, comme une jeune Poutre,
    De travers guignes-tu vers moi ?
    Pourquoi, farouche, fuis-tu outre,
    Quand je veux approcher de toi ?

    Tu ne veux pas que l'on te touche,
    Mais si je t'avais sous ma main,
    Assure-toi que dans la bouche
    Bientôt je t'aurais mis le frein.

    Puis, te voltant à toute bride,
    Soudain je te ferais au cours,
    Et...

  • Ode

    Tu te moques, jeune ribaude :
    Si j'avais la tête aussi chaude
    Que tu es chaude sous ta cotte,
    Je n'aurais besoin de calotte,
    Non plus qu'à ton ventre il ne faut
    De pelisson, tant il est chaud.

    Tous les charbons ardents
    Allument là-dedans
    Le plus chaud de leur braise ;
    Un feu couvert en sort,
    Plus fumeux et plus fort
    ...

  • Icare est chu ici, le jeune audacieux,
    Qui pour voler au Ciel eut assez de courage :
    Ici tomba son corps degarni de plumage,
    Laissant tous braves coeurs de sa chute envieux.

    Ô bienheureux travail d'un esprit glorieux,
    Qui tire un si grand gain d'un si petit dommage !
    Ô bienheureux malheur, plein de tant d'avantage
    Qu'il rende le vaincu des ans...

  • Je hais plus que la mort un jeune casanier,
    Qui ne sort jamais hors, sinon aux jours de fête,
    Et craignant plus le jour qu'une sauvage bête,
    Se fait en sa maison lui-même prisonnier.

    Mais je ne puis aimer un vieillard voyager,
    Qui court deçà delà, et jamais ne s'arrête,
    Ainsi des pieds moins léger que léger de la tête,
    Ne séjourne jamais non plus qu'un...