Ces six oeillets mêlés en cette guise
Vous sont par moi ce matin envoyés,
Pour vous montrer, par ceux de couleur grise,
Que j'ai du mal plus que vous n'en croyez ;
Vous suppliant que vous y pourvoyiez,
Les rouges sont plainte en l'autre moitié,
Non point de vous, mais du Dieu sans pitié
Qui de mon sang prend vie et nourriture ;
Et tous ensemble,...
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Vous que second la noble France honore,
Pouvez cueillir par ces prez florissans
Oeilletz pour vous seul s'espanouyssans,
Escloz ensemble avec la belle Aurore ;
Pour vostre front le rosier se colore,
Dont les chappeaux si hault lieu cognoissans,
Forment boutons de honte rougissans,
Sçachant que mieulx vous appartient encore.
Ceincte de... -
Au temps heureux que ma jeune ignorance
Receut l'enfant qui des dieux est le maistre,
Vous, congnoissant qu'il ne faisoit que naistre,
Voulustes bien le nourrir d'esperance.
Mais puis que vous et sa perseverance
L'avez faict grand plus qu'aultre oncq ne peult estre,
En lieu d'espoir vous le laissez repaistre
Seul à part luy de mon mal et... -
Asseuré suis d'estre prys et lyé,
Mais asseurer ne puis l'heure et saison
Que je changeay ma franchise à prison,
Dont mon orgueil fut tant humilié.
Si long temps fut couvert et pallié
L'amer du doulx et l'erreur de raison,
Que je cuidois entre loz et poison
Estre immortel et des dieux allié.
Euvre ne fut d'un jour ne d'une annee
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apres qu'il eust espousé Madame de La Val
Aprez l'heureuse, honnorable conqueste
Que je fis d'un de qui l'arc et la corde
Tient tout le monde en peine et en discorde
Dessoubz un nom amyable et honeste,
J'ay sur fortune entrepris une queste,
Et si vostre ayde et faveur s'i accorde,
J'attens la veoir à ma misericorde,
Car par vous... -
Entrant le peuple en tes sacrez bocaiges,
Dont les sommez montent jusques aux nues
Par l'espesseur des plantes incognues,
Trouvoit la nuict en lieu de frez umbraiges.
Or te suivant le long des beaux rivaiges
Où les neuf seurs à ton chant sont venues,
Herbes, et fruitz, et fleurettes menues
Il entrelace en cent divers ouvraiges.
Ainsy,... -
Il n'est point tant de barques à Venize,
D'huystres à Bourg, de festuz en Champagne,
De differentz aux peuples d'Allemagne,
De cygnes blancz au long de la Tamise ;
Ne tant d'amours se traictent en l'eglise,
Ne tant de veaux se treuvent en Bretagne,
Ne tant de gloire en un signor d'Espagne,
Ny en la Court tant y a de faintise ;
N'en ces... -
Ces rozes cy par grande nouveauté
Je vous envoye et en ay bien raison,
Puis que c'est fleur qui sans comparaison
Sur toutes fleurs tient la principaulté.
Sur les beaultez telle est vostre beaulté,
Et comme en France à la froide saison
La roze est rare et n'en est pas foison,
Rare est aussi ma grande loiaulté.
Si donc vous doibt la roze... -
Un charlatan disait en plein marché
Qu'il montrerait le diable à tout le monde ;
Si n'y eût nul, tant fût-il empêché,
Qui ne courût pour voir l'esprit immonde.
Lors une bourse assez large et profonde
Il leur déploie, et leur dit : " Gens de bien,
Ouvrez vos yeux ! Voyez ! Y a-t-il rien ?
- Non, dit quelqu'un des plus près regardants.
- Et c'est,... -
intitulé "Advertissement sur les jugemens d'Astrologie,
A une studieuse Damoiselle"
Ne craignez point, plume bien fortunee
Qui vers le ciel vous allez eslevant,
Faire ruyne, Icarus ensuivant,
Qui trop haulsa l'oesle mal empennee.
Du beau soleil où estes destinee
Vous n'irez point la chaleur esprouvant,
Mais deviendrez, soubs ses...