Dans mon harem se groupe,
    Comme un bouquet
Débordant d’une coupe
    Sur un banquet,
Tout ce que cherche ou rêve,
    D’opium usé,
En son ennui sans trêve,
    Un cœur blasé ;

Mais tous ces corps sans âmes
    Plaisent un jour...
...

Hélas ! il est cloué sur les croix du Caucase,
Le Titan qui, pour nous, dévalisa les cieux !
Du haut de son calvaire il insulte les dieux,
Raillant l’Olympien dont la foudre l’écrase.

Mais du moins, vers le soir, s’accoudant à la base
Du rocher où se tord le grand...

Vous voulez de mes vers, reine aux yeux fiers et doux !
Hélas ! vous savez bien qu’avec les chiens jaloux,
Les critiques hargneux, aux babines froncées,
Qui traînent par lambeaux les strophes dépecées,
Toute la pâle race au front jauni de fiel,
Dont le bonheur d’...

De leur col blanc courbant les lignes,
On voit dans les contes du Nord,
Sur le vieux Rhin, des femmes-cygnes
Nager en chantant près du bord,

Ou, suspendant à quelque branche
Le plumage qui les revêt,
Faire luire leur peau plus blanche
Que la neige de...

Seul, le coude dans la plume,
J’ai froissé jusqu’au matin
Les feuillets d’un gros volume
Plein de grec et de latin ;

Car nulle étroite pantoufle
Ne traîne au pied de mon lit,
Et mon chevet n’a qu’un souffle
Sous ma lampe qui pâlit.

Cependant des...

Taisez-vous, ô mon cœur ! taisez-vous, ô mon âme !
Et n’allez plus chercher de querelles au sort ;
Le néant vous appelle et l’oubli vous réclame.

Mon cœur, ne battez plus, puisque vous êtes mort ;
Mon âme, repliez le reste de vos ailes,
Car vous avez tenté votre...

Quand Michel-Ange eut peint la chapelle Sixtine,
Et que de l’échafaud, sublime et radieux,
Il fut redescendu dans la cité latine,

Il ne pouvait baisser ni les bras ni les yeux ;
Ses pieds ne savaient pas comment marcher sur terre ;
Il avait oublié le monde dans...

Ton test n’aura plus de peau,
Et ton visage si beau
N’aura veines ni artères,
Tu n’auras plus que des dents
Telles qu’on les voit dedans
Les testes des cimetières.
PIERRE RONSARD.

La mort nous fait dormir une éternelle...

 

Mon rêve le plus cher et le plus caressé,
Le seul qui rie encor à mon cœur oppressé,
C’est de m’ensevelir au fond d’une chartreuse,
Dans une solitude inabordable, affreuse ;
Loin, bien loin, tout là-bas, dans quelque Sierra
Bien sauvage, où jamais voix d’...

                                     I

J’ai, dans mon cabinet, une bataille énorme,
Qui s’agite et se tord comme un serpent difforme
Et dont l’étrange aspect arrête l’œil surpris ;
On dirait qu’on entend, avec un sourd murmure,
La gravure sonner comme une vieille...