• À présent voici comme une prière,
    et c’est la vie d’ici qui dit son temps
    selon le soleil, le jour et la mer,
    et les villes où l’aller des passants

    montre chacun œuvrant à sa manière :
    seigneur à cheval, à pied paysan,
    et pour les fins de l’âme ou de la chair
    moines, matelots, pêcheurs, tisserands....

  •  
    I

    Je n’aimerai jamais, je n’ai jamais aimé ;
    Aux lâches passions mon cœur reste fermé.
    Mon front est libre et fier ; aucun joug ne le blesse,
    Je ne veux rien avoir de l’humaine faiblesse,
    Et l’amour est un bât dont le sanglon de fer
    S’imprime pour toujours au front qui l’a souffert,
    Et je méprise trop toute l’humaine espèce
    Pour me...

  •  
    Mon cœur gonflé d’amour refusait de se taire.
    Mon âme s’élançait vers le souverain Bien.
    Que faire, n’ayant pas un Dieu qui fût le mien ?
    Adorer sans comprendre, et bénir un mystère.

    J’ai voulu retrouver le primitif accent,
    M’épancher en hymnes sincères,
    Boire à la source antique, oublier le présent
    Pour les siècles où l’homme, encor jeune et...

  •  

    Le soleil a clos sa paupière
    À l’horizon tout frangé d’or.
    Déjà l’ombre crépusculaire
    Estompe le lac qui s’endort.

    Pas un lambeau de vent ne rase
    Le tapis transparent des eaux,
    Le flot indolent tout bas jase
    Avec le sable et les roseaux.

    Pas un cri ne rompt le silence
    Qui plane sur l’immensité.
    La tiède nuit de mai s’avance...

  •  
    « Des hommes d’action, des hommes de logique,
    Oui, voilà ce qu’il faut dans ce siècle énergique ;
    Des hommes criant fort et marchant le front haut,
    Des hommes positifs, oui, voilà ce qu’il faut !
    A ce grand siècle, il faut des ouvriers pratiques ;
    De robustes enfants, non de frêles mystiques !
    Il n’a pas le loisir d’...

  • Mon Dieu ! toi qui sais tout, oh ! ne m’ordonne pas
    D’atteindre aux sombres jours de la froide vieillesse ;
    De voir mon corps s’user, et tomber pièce à pièce,
    Et la destruction me gagner pas à pas ;
    D’être un morne objet d’épouvante,
    ...

  • Berger du monde, clos les paupières funèbres
    Des deux chiens d’Yama qui hantent les ténèbres.

    Va, pars ! Suis le chemin antique des aïeux.
    Ouvre sa tombe heureuse et qu’il s’endorme en elle,
    O terre du repos, douce aux hommes pieux !
    Revêts-le de silence, ô terre maternelle,
    Et mets le long baiser de l’ombre sur ses yeux.

    Que le Berger divin chasse...

  •  
    Profondes aspirations vers l’inconnu divin,
    Vous serez satisfaites dans un monde meilleur.
    Ne puis-je donc, par la toute-puissance du rêve,
    Franchir l’espace sombre qui nous en sépare !

    Père suprême ! comble ton fils
    Demain sans mesure, pour, un jour,
    En signe de délivrance,
    L’entourer des rayons de ton divin amour.

    Vois, ô Dieu !...

  • Comme un ange gardien prenez-moi sous votre aile ;
    Tendez, en souriant et daignant vous pencher,
    À ma petite main votre main maternelle,
    Pour soutenir mes pas et me faire marcher !

    Car Jésus le doux maître, aux célestes tendresses,
    Permettait aux enfants de s’approcher de lui ;
    Comme un père indulgent il souffrait leurs caresses,
    Et jouait avec eux...

  • Mon rêve est simple : il est trop simple, ô mon enfant,
    Peut-être, pour que toi qui m’aimes, le comprennes,
    — Car les rêves qu’on fait au couvent sont de reines
    Qui siègent près de rois dont l’air est triomphant. —

    Le soir, auprès du feu, quand il ferait du vent
    Et que tout gémirait dans la forêt prochaine,
    Dans un fauteuil fané d’antique bois de chêne...