• Quand vous verrez un homme avecque gravité
    En chapeau de clabaud promener sa savate
    Et le col étranglé d'une sale cravate,
    Marcher arrogamment dessus la chrétienté,

    Barbu comme un sauvage et jusqu'aux reins crotté,
    D'un haut de chausse noir sans ceinture et sans patte,
    Et de quelques lambeaux d'une vieille buratte
    En tous temps constamment couvrir...

  • cueillie au printemps


    Une rose d'un mois d'avril
    Sous une étoile qui regarde
    Éveilla, malice ou mégarde,
    Mon désir pas encor viril.

    C'est ta bouche au rose grésil
    Qui fut pour ton page, Hildegarde,
    Une rose d'un mois d'avril
    Sous une étoile qui regarde.

    J'ai connu les deuils, le péril,
    Depuis, et l'angoisse hagarde !...

  • ont raison de changer d'amour


    Au brin d'herbe qu'elle a quitté
    Songe la cigale infidèle ;
    Meilleur exemple, l'hirondelle
    N'a qu'un nid pour plus d'un été.

    Vaudras-tu la réalité,
    Bonheur rêvé qui fais fi d'elle ?
    Au brin d'herbe qu'elle a quitté
    Songe la cigale infidèle.

    Pour fragile, hélas ! qu'ait été
    L'amour qui fut...

  • à cause du souvenir de sa première chanson d'amour


    J'ai chanté comme Chérubin
    Pour les beaux yeux de ma marraine !
    Plus heureux qu'un page de reine
    En mon émoi de coquebin,

    N'espérant, ingénu bambin,
    Que d'être frôlé de sa traîne,
    J'ai chanté comme Chérubin
    Pour les beaux yeux de ma marraine.

    Plus noir que diacre ou rabbin,...

  • Loisir et liberté
    C'est bien son seul désir ;
    Ce serait un plaisir
    Pour traiter vérité.
    L'esprit inquiété
    Ne se fait que moisir ;
    Loisir et liberté,
    S'ils viennent cet été,
    Liberté et loisir,
    Ils la pourront saisir
    A perpétuité,
    Loisir et liberté.

  • Vu que tu es en ce pays venu,
    Gentil esprit, grandement je m'étonne,
    Que l'olivier qui ces champs environne
    N'ait pas le son de tes vers retenu.
    Comme le luth en la Thrace connu,
    Tira les rocs : si ta muse résonne,
    Elle ravit la région qui tonne,
    Et le grand faix par Atlas soutenu.
    Je tenais hier ton livre entre mes mains,
    0ù sont les arts...

  • Le poète chantait : de sa lampe fidèle
    S'éteignaient par degrés les rayons pâlissants ;
    Et lui, prêt à mourir comme elle,
    Exhalait ces tristes accents :

    " La fleur de ma vie est fanée ;
    Il fut rapide, mon destin !
    De mon orageuse journée
    Le soir toucha presque au matin.

    " Il est sur un lointain rivage
    Un arbre où le Plaisir habite...