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    Pareille au fin réseau que sur sa gorge nue
    Psyché serrait, pleurant ses premières pudeurs,
    Une invisible mer balance sous la nue
    Le flux et le reflux des terrestres odeurs.

    Comme un sein virginal que traverse une haleine
    De parfums infinis, tièdes et pénétrants,
    Un souffle intérieur a visité la plaine
    Et soulève du sol un chœur d’esprits...

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    Un parfum chante en moi comme un air obsédant :
    Tout mon corps se repaît de sa moindre bouffée,
    Et je crois que j’aspire une haleine de fée,
    Qu’il soit proche ou lointain, qu’il soit vague ou strident.

    Fils de l’air qui les cueille ou bien qui les déterre,
    Ils sont humides, mous, froids ou chauds comme lui,
    Et, comme l’air encor, dès que la lune a...

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    Ô senteur suave et modeste
    Qu’épanchait le front maternel,
    Et dont le souvenir nous reste
    Comme un lointain parfum d’autel,

    Pure émanation divine
    Qui mêlais en moi ta douceur
    À la petite senteur fine
    Des longues tresses d’une sœur,

    Chère odeur, tu t’en es allée
    Où sont les parfums de jadis,
    Où remonte...

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    I

    En ce temps-là, ce fut une joie infinie
    Chez tous les habitants du bourg de Béthanie :
    Un pasteur avait vu, loin des chemins foulés,
    Des voyageurs pensifs venir le long des blés,
    Et, courant le premier, à la foule jalouse
    Il avait annoncé le Seigneur et les Douze.
    Or, comme aux jours anciens, par les vieillards rangé,
    Le peuple s’...

  • Volupté des parfums ! ? Oui, toute odeur est fée.
    Si j'épluche, le soir, une orange échauffée,
    Je rêve de théâtre et de profonds décors ;
    Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
    Dans la forêt d'hiver les chasseurs faire halte ;
    Si je traverse enfin ce brouillard que l'asphalte
    Répand, infect et noir, autour de son chaudron,
    Je me crois sur un quai...

  • Parfums, couleurs, systèmes, lois !
    Les mots ont peur comme des poules.
    La chair sanglote sur la croix.

    Pied, c'est du rêve que tu foules,
    Et partout ricane la voix,
    La voix tentatrice des foules.

    Cieux bruns où nagent nos desseins,
    Fleurs qui n'êtes pas le calice,
    Vin et ton geste qui se glisse,
    Femme et l'oeillade de tes seins,
    ...