• Toi qui devrais bondir sur la mer, ô frégate !
    À travers la mitraille & les flots irrités,
    Quel triste sort te rive aux pierres des cités,
    Et te pend une enseigne au front, comme un stigmate ?

    Morne, ainsi qu’un oiseau retenu par la patte,
    Tu regrettes l’azur & les immensités.
    Le bourgeois se prélasse en tes flancs attristés,
    Et ta quille a...

  •  
    Sur l’onde froide où meurt une lueur céleste
    L’immense oiseau surpris promène au loin les yeux.
    Son aile auparavant tumultueuse et leste
    S’agite sans espoir sous le flot écumeux,
    En un spasme troublant, tel un suprême geste.

    Tout à l’heure il chassait près des sillons mouvants
    Que creuse sur le flot un souffle de colère.
    Comme un prodige...

  • I

    Qu'elle était belle, ma Frégate,
    Lorsqu'elle voguait dans le vent !
    Elle avait, au soleil levant,
    Toutes les couleurs de l'agate ;
    Ses voiles luisaient le matin
    Comme des ballons de satin ;
    Sa quille mince, longue et plate,
    Portait deux bandes d'écarlate
    Sur vingt-quatre canons cachés ;
    Ses mâts, en arrière penchés,
    Paraissaient à...