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    Quand de pâles amants, l’extase étant finie,
    Ont la sensation d’une heureuse agonie
    Et qu’éveillés à peine et doucement brisés
    Ils sentent un vol blanc d’immatériels baisers,
    Si l’aube envahissante à ce moment pénètre,
    C’est comme une faux d’or à travers la fenêtre
    Coupant les blés du rêves et les fleurs du plaisir !
    Et quand le couple triste a...

  • L’ennui de vivre avec les gens et dans les choses
    Font souvent ma parole et mon regard moroses.

    Mais d’avoir conscience et souci dans tel cas
    Exhausse ma tristesse, ennoblit mon tracas.

    Alors mon discours chante et mes yeux de sourire
    Où la divine certitude s’en vient luire.

    Et la divine patience met son sel
    Dans mon long bon conseil d’usage...

  • Quand je pense à ma vie un grand ennui me prend,
    Et j’ai pitié de voir ma jeune destinée
    S’effeuiller solitaire, humblement résignée,
    Comme une fleur des eaux qu’emporte le courant.

    Je ne m’en émeus plus ni trop ne m’en étonne,
    Car je sais quels débris roulent les plus purs flots ;
    Et, dans un même accord, quels déchirants sanglots
    Ils mêlent si...

  • À Émile ZOLA.

      La fabrique est sale et morose,
      L’air infect et la vitre en deuil ;
      J’y fais toujours la même chose,
      J’y tourne comme l’écureuil.
      Aussi j’ai du plomb dans la veine,
      Je me rouille dans mon étui.
      La ribotte a bu ma quinzaine.
    Que voulez-vous ? Il faut tuer l’ennui !

      Oh ! vivre sous le ciel d’...

  • L'ennemi se déguise en l'Ennui
    Et me dit : " A quoi bon, pauvre dupe ? "
    Moi je passe et me moque de lui.
    L'ennemi se déguise en la Chair
    Et me dit : " Bah, bah, vive une jupe ! "
    Moi j'écarte le conseil amer.

    L'ennemi se transforme en un Ange
    De lumière et dit : " Qu'est ton effort
    A côté des tributs de louange
    Et de Foi dus au Père céleste...

  • Dans l'interminable
    Ennui de la plaine
    La neige incertaine
    Luit comme du sable.

    Le ciel est de cuivre
    Sans lueur aucune.
    On croirait voir vivre
    Et mourir la lune.

    Comme les nuées
    Flottent gris les chênes
    Des forêts prochaines
    Parmi les buées.

    Le ciel est de cuivre
    Sans lueur aucune.
    On croirait voir vivre...

  • Dimanche : un pâle ennui d'âme, un désoeuvrement
    De doigts inoccupés tapotant sourdement
    Les vitres, comme pour savoir leur peine occulte ;
    - Ah ! Ce gémissement du verre qu'on ausculte ! -

    Dimanche : l'air à soi-même dans la maison
    D'un veuf qui ne veut pas aider sa guérison
    Quand les bruits du dehors se ouatent de silence.
    Dimanche : impression d'être...