Le rythme séducteur nous appelle ; venez
Lui répondre en mes bras, jeune fille inconnue.
Valsons légèrement de tous côtés cernés,
Et qu'en nous la clameur des besoins s'atténue.
Pendant que nous serons ensemble, je ne veux
Ni sonder vos secrets, ni dévoiler mon âme,
Mais simplement pencher mon front sur vos cheveux,
Tourner dans un remous de lumière...
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Hanté de souvenirs, l'âme pleine d'images,
Je viens à ta beauté, seul, en pèlerinage,
Pays qui me fus bon.
De gradin en gradin, de pensée en pensée
J'ai gravi le sommet de l'arête dressée
Sur ton vaste horizon.
Et te voici, baignant dans l'or fauve d'octobre,
Pays de mon souhait, vallée aux lignes sobres
Où dort le fleuve bleu.
Voici les... -
Jeunes filles qui brodez
En suivant des songeries,
Seules sur vos galeries,
Ou qui dehors regardez,
Comme des oiseaux en cage,
Si j'en avais le courage
Vers l'une de vous j'irais
- Dieu sait encore laquelle,
La plus triste ou la plus belle -
Et d'un ton simple dirais :
- " Vous êtes celle, peut-être,
Qui m'apparaît si souvent... -
Au large, dans l'attrait d'un fier isolement,
Apparaissent les îles
Où parfois en rêveur, en chasseur, en amant
À la sourdine on file.
N'importe où l'on aborde, avidement on fait
Le tour de son royaume,
Et la tente, sitôt dressée, est un palais
Que l'atmosphère embaume.
On se trouve lié d'instinct aux voyageurs
De tout bateau qui passe.... -
Que chantent les grillons et s'allument les phares !
Un esprit est venu sur le fleuve houleux
Réapprendre à nos coeurs des mots miraculeux.
N'incite plus, ô vent, les feuilles aux bagarres.
Dans l'air est apparu l'ancien rêve d'amour,
L'impérissable rêve au chaste et blanc contour.
Grillons, chantez encore et que brillent les phares !
Voici notre... -
Aux coups de feu la mouette
N'a pas changé de chemin,
Et sa brune silhouette
Sur le ciel rose et carmin
Se découpe nette.
Par le seul appui du vent
Majestueuse elle plane,
Puis doucement, doucement,
Dans la brume diaphane
S'incline en avant :
Et glisse de telle sorte,
Qu'elle va choir où l'on voit
L'horizon fermer sa... -
Des montagnes très loin paraissent toutes proches.
La grève se déroule à l'ombre des sapins,
Et la haute marée ensevelit les roches.
Les astres allumés par l'homme sont éteints.
Le blanc navire tranche avidement l'écume
Qui s'enfonce et renaît en bizarres dessins.
La carène, les ponts, les mâts sont une enclume
Que le piston, fou de chaleur,... -
Je suis l'or, simulacre étrange de la vie,
Mode ultime de l'énergie
Que l'homme, prolongeant l'élan primordial,
Conçut pour insuffler une âme subalterne
À la matière qu'il gouverne,
À ses créations de fibre et de métal.
Je circule parmi les rêves
Et ceux que je touche se lèvent
Matérialisés en fantasques moissons
D'oeuvres d'art, de maisons,... -
I
Sur l'immensité noire une lumière brille
Et se dirige à la rencontre du steamer
Qui stoppe avec des bruits de vapeur et de fer.
Dans la nuit un sifflet perce comme une vrille.
Attente. Dans un mât s'éteint le signal vert.
La lumière approchant décèle une coquille,
Une barque dansante et qui montre sa quille ;
Elle s'en vient chercher... -
Du haut de la côte pelée
Je l'aperçus courant, marchant,
Sinueuse, dans la vallée,
En plein soleil ou se cachant
Derrière un arbre, son ombrelle,
Ou dans un rideau de millet ;
Et lorsque j'arrivai près d'elle,
Sur son gravier elle riait.
" Trois ponts, dit-elle, pour un mille
De ce grand chemin poussiéreux !
Les arpenteurs, gent...