Des montagnes très loin...

Des montagnes très loin paraissent toutes proches.
La grève se déroule à l'ombre des sapins,
Et la haute marée ensevelit les roches.

Les astres allumés par l'homme sont éteints.
Le blanc navire tranche avidement l'écume
Qui s'enfonce et renaît en bizarres dessins.

La carène, les ponts, les mâts sont une enclume
Que le piston, fou de chaleur, frappe à grands coups
Comme pour se venger du mal qui le consume.

L'azur du ciel se mire au cristal des remous,
Le vent fait onduler la plaine d'améthyste,
Et l'horizon recule, immense, devant nous.
Je suis seul, toujours seul, c'est trop grand, je suis triste.

Collection: 
1903

More from Poet

  • La montagne portait sa robe d'or bruni,
    Or fragile tombant, feuille à feuille, des branches,
    Dans le chemin, parmi la foule du dimanche,
    Sur les sentiers ombreux et le gazon terni.

    Reposés de leur course à travers l'infini,
    Et doux, comme l'émoi d'une âme qui s'...

  • Aux pieds de trois coteaux habillés de sapins
    Gît un lac profond, clair et sage,
    Où maintes fois je suis descendu, le matin,
    Aspirer la paix qu'il dégage.

    Rond et luxuriant, à son centre, un îlot
    Ressemble au chaton d'une bague ;
    Les arbres alentour, penchés...

  • Je connais, dans les Apalaches,
    Un val séduisant qui se cache
    Comme un rêve ingénu ;
    Un val aux pentes fantaisistes
    Où se promène, dans les schistes,
    Un ruisseau bienvenu.

    Quand, brusquement, on le découvre
    C'est un avenir clair qui s'ouvre,
    Un...

  • Or, le sage, parti dès son adolescence
    Pour juger les flambeaux qui le devaient guider,
    Savait à quel néant marche la connaissance
    Et confondait la vérité d'une croyance
    Avec l'or, qui vaudra ce qu'on a décidé.

    Les dieux que la pensée humaine, en son ornière,...

  • C'est la neige tourbillonnante
    Qui voltige dans l'air, mousseline vivante,
    La neige qui s'arma, dans l'extase du froid,
    D'une beauté trop loin de la vie et traîtresse.
    La neige pleine de caresses,
    Si douce au pas quand elle choit.

    Ceux-là dont le sang bout...