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    Heureux qui vit sans se connaître
    Indéfiniment établi
    Dans la paix de son propre oubli,
    À la surface de son être !

    Car les clairvoyants du destin
    Vivent la mort lente et soufferte,
    Sentant partout la tombe ouverte
    Au bord de leur pas incertain.

    Ils ont usé la patience
    Comme ils ont épuisé l’orgueil ;
    Toute leur âme est un...

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    On scrute leur portrait, espérant qu’il en sorte
    Un cri qui puisse enfin nous servir de flambeau.
    Ah ! si même ils venaient pleurer à notre porte
    Lorsque le soir étend ses ailes de corbeau !

    Non ! Mieux que le linceul, la bière et le tombeau
    Le silence revêt ceux que le temps emporte :
    L’âme en fuyant nous laisse un horrible lambeau
    Et ne nous...

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    De ses grands yeux chastes et fous
    Il ne reste pas un vestige :
    Ces yeux qui donnaient le vertige
    Sont allés où nous irons tous.

    En vain, ils étaient frais et doux
    Comme deux bluets sur leur tige ;
    De ses grands yeux chastes et fous
    Il ne reste pas un vestige.

    Quelquefois, par les minuits roux
    Pleins de mystère et de prestige,...