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    Ô toi que l’univers adore,
    Ô toi que maudit l’univers,
    Fortune, dont la main, du couchant à l’aurore,
    Dispense les lauriers, les sceptres et les fers,
    Ton aveugle courroux nous garde-t-il encore
    Des triomphes et des revers ?

    Nos malheurs trop fameux proclament ta puissance ;
    Tes jeux furent sanglans dans notre belle France :
    Le peuple...

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    Les voilà ces chants funéraires,
    Faible tribut de ma douleur :
    Lisez ; le trépas de nos frères
    Pour vous, du moins, fut un malheur.

    Aux beaux jours de notre vaillance
    Leurs noms immortels sont liés ;
    Ils revivront chers à la France,
    Et mes vers seront oubliés.

    La jeunesse ira d’âge en âge,
    Parcourant des champs meurtriers,
    ...

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    A vous, puissans du monde, à vous, rois de la terre,
    Qui tenez dans vos mains et la paix et la guerre,
    À vous de décider si lassés de souffrir,
    Les grecs ont pris le fer pour vaincre ou pour mourir :
    Si du Tage au Volga, de la Tamise au Tibre,
    L’Europe désormais doit être esclave ou libre.
    Libre, elle bénira votre auguste équité ;
    Non qu’elle...

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    Non, tu ne connais pas encor
    Ce sentiment d'ivresse et de mélancolie
    Qu'inspire d'un beau jour la splendeur affaiblie.
    Toi qui n'as pas vu les flots d'or,
    Où nage à son couchant un soleil d'Italie,
    Inonder du Forum l'enceinte ensevelie
    Et le temple détruit de Jupiter Stator !

    Non, tu ne connais pas l'irrésistible empire
    Des beautés qu'il...

  • Vénus, ô volupté des mortels et des dieux !
       Ame de tout ce qui respire,
    Tu gouvernes la terre, et les mers, et les cieux ;
       Tout l’univers reconnaît ton empire !
    Des êtres différens les germes précieux,
    Qui dorment dispersés sous la terre ou dans l’onde,
       Rassemblés à ta voix féconde,
    Courent former les corps que tu veux enfanter.
    Les...

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    De Messène au cercueil fille auguste et plaintive,
    Muse des grands revers et des nobles douleurs,
    Désertant ton berceau, tu pleuras nos malheurs ;
    Comme la Grèce alors la France était captive...
    De Messène au cercueil fille auguste et plaintive,
    Reviens sur ton berceau, reviens verser des pleurs.

    Entre le mont évan et le cap de Ténare,
    La mer...

  • Comme un vain rêve du matin,
    Un parfum vague, un bruit lointain,
    C’est je ne sais quoi d’incertain
         Que cet empire ;
    Lieux qu’à peine vient éclairer
    Un jour qui, sans rien colorer,
    À chaque instant près d’expirer,
         Jamais n’expire.

    Partout cette demi-clarté
    Dont la morne tranquillité
    Suit un crépuscule d’été,
         Ou...

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    Non, tu n’es pas un aigle, ont crié les serpens,
    Quand son vol faible encor trompait sa jeune audace :
    Et déjà sur le dos de ces monstres rampans
    Du bec vengeur de l’aigle il imprimait la trace ;
    Puis, le front dans les cieux de lumière inondés,
    Les yeux sur le soleil, les ongles sur la foudre,
    Il dit à ces serpens qui sifflaient dans la poudre :...

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    Silence au camp ! La vierge est prisonnière ;
    Par un injuste arrêt Bedfort croit la flétrir :
    Jeune encore, elle touche à son heure dernière...
    Silence au camp ! La vierge va périr.

    Des pontifes divins, vendus à la puissance,
    Sous les subtilités des dogmes ténébreux
    Ont accablé son innocence.
    Les anglais commandaient ce sacrifice affreux :...

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    Peuple français, peuple de braves,
    La liberté rouvre ses bras !
    On nous disait: Soyez esclaves,
    Nous avons dit: Soyons soldats !
    Soudain Paris, dans sa mémoire,
    A retrouvé son cri de gloire :
    En avant, marchons contre leurs canons,
    À travers le fer, le feu des bataillons,
    Courons à la victoire !
    Courons à la victoire !

    Serrez...