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    De lumière et d’obscurité,
    De néant et de gloire étonnant assemblage,
    Astre fatal aux rois comme à la liberté ;
    Au plus haut de ton cours porté par un orage,
    Et par un orage emporté,
    Toi, qui n’as rien connu, dans ton sanglant passage,
    D’égal à ton bonheur que ton adversité ;

    Dieu mortel, sous tes pieds les monts courbant leurs têtes
    T’...

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    Adieu Madeleine Chérie,
    Qui te réfléchis dans les eaux,
    Comme une fleur de la prairie
    Se mire au cristal du ruisseau.
    Ta colline, où j’ai vu paraître
    Un beau jour qui s’est éclipsé,
    J’ai rêvé que j’en étais maître ;
    Adieu ! Ce doux rêve est passé.

    Assis sur la rive opposée,
    Je te vois, lorsque le soleil
    Sur tes gazons boit...

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    L'airain avait sonné l'hymne pieux du soir.
    Sur les temples de Rome, où cessait la prière,
    La lune répandait sa paisible lumière :
    Au Forum à pas lents, triste, j'allai m'asseoir.
    J'admirais ses débris, ses longs portiques sombres,
    Et dans ce jour douteux, par leur masse arrêté,
    Tous ces grands monuments empruntaient de leurs ombres
    Plus de...

  • Mon bien-aimé, dans mes douleurs,
    Je viens de la cité des pleurs,
    Pour vous demander des prières.
    Vous me disiez, penché vers moi :
    « Si je vis, je prîrai pour toi. »
    Voilà vos paroles dernières.
             Hélas ! hélas !
    Depuis que j’ai quitté vos bras.
    Jamais je n’entends vos prières.
             Hélas ! hélas !
    J’écoute, et vous ne...

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    O sommets de Taygète, ô rives du Pénée,
    De la sombre Tempé vallons silencieux,
    Ô campagnes d’Athène, ô Grèce infortunée,
    Où sont pour t’affranchir tes guerriers et tes dieux ?

    Doux pays, que de fois ma muse en espérance
    Se plut à voyager sous ton ciel toujours pur !
    De ta paisible mer, où Vénus prit naissance,
    Tantôt du haut des monts je...

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    Ils ne sont plus, laissez en paix leur cendre :
    Par d’injustes clameurs ces braves outragés
    À se justifier n’ont pas voulu descendre ;
    Mais un seul jour les a vengés :
    Ils sont tous morts pour vous défendre.

    Malheur à vous si vos yeux inhumains
    N’ont point de pleurs pour la patrie !
    Sans force contre vos chagrins,
    Contre le mal commun...

  • La brigantine
    Qui va tourner
    Roule et s’incline
    Pour m’entraîner.
    Ô Vierge Marie,
    Pour moi priez Dieu !
    Adieu, patrie !
    Provence, adieu !

    Mon pauvre père
    Verra souvent
    Pâlir ma mère
    Au bruit du vent.
    Ô Vierge Marie,
    Pour moi priez Dieu !
    Adieu, patrie !
    Mon père, adieu !

    La vieille Hélène
    ...

  • Mes amis, nos coupes sont pleines,
    L'écume en couronne les bords ;
    Quel feu, circulant dans mes veines,
    M'inspire de nouveaux transports !
    Je vois Bacchus, je vois sa gloire ;
    Mon ivresse m'élève aux cieux ;
    C'est Hébé qui me verse à boire ;
    Je suis à la table des Dieux.

    Approche, joyeuse Bacchante ;
    L'œil en feu, les cheveux épars,
    ...

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    Que la brise des mers te porte mes adieux,
    O France, je te quitte ; adieu, France chérie !
    Adieu, doux ciel natal, terre où j'ouvris les yeux !
    Adieu, patrie ! adieu, patrie [1] !

    Il tombe, ce mistral, dont le souffle glacé
    M'enchaînait dans le port de l'antique Marseille ;
    Mon...

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    La sainte vérité qui m’échauffe et m’inspire
    Écarte et foule aux pieds les voiles imposteurs :
    Ma muse de nos maux flétrira les auteurs,
    Dussé-je voir briser ma lyre
    Par le glaive insolent de nos libérateurs.

    Où vont ces chars pesans conduits par leurs cohortes ?
    Sous les voûtes du Louvre ils marchent à pas lents :
    Ils s’arrêtent devant ses...