Insectes bourdonnants ; papillons ; fleurs ailées ;
Aux touffes des rosiers lianes enroulées ;
Convolvulus tressés aux fils des liserons ;
Pervenches, beaux yeux bleus qui regardez dans l'ombre ;
Nénufars endormis sur les eaux ; fleurs sans nombre ;
Calices qui noyez les trompes des cirons !
Fruits où mon Dieu parfume avec tant d'...
Un jour, les yeux lassés de veilles et de larmes,
Comme un lutteur vaincu prêt à jeter ses armes,
Je disais à l'aurore : « En vain tu vas briller ;
La nature trahit nos yeux par ses merveilles,
Et le ciel coloré de ses teintes vermeilles
Ne sourit que pour nous railler.
« Rien n'est vrai, rien n'est faux; tout est songe et...
L'âme triste est pareille
Au doux ciel de la nuit,
Quand l'astre qui sommeille
De la voûte vermeille
A fait tomber le bruit ;
Plus pure et plus sonore,
On y voit sur ses pas
Mille étoiles éclore,
Qu'à l'éclatante aurore
On n'y soupçonnait pas !
Des îles de lumière
Plus brillante qu'ici,...
Sur le sable du Nil où gisaient ces armures,
Mon pied poudreux heurtait des ossements humains ;
Le vent y modulait de sinistres murmures,
Le chacal déterrait des crânes et des mains.
Le bras s'est desséché, le sable brille encore :
Voyez comme avec l'or l'acier se mariant
Dessine en clous d'azur, sur le fer qu'il décore,
L'...
Cette fleur est pour moi la date d'une année
Que le fleuve du temps a noyée en son cours ;
Vingt fois la même fleur s'est rouverte et fanée
Depuis... Mais celle-là me fait rêver toujours.
C'était un de ces jours que jamais on n'oublie,
Jour de bonheur suprême, hélas! sans lendemain.
Celle que j'adorais, et qui l'avait cueillie,...
Mystérieux déserts, dont les larges collines
Sont les os des cités dont le nom a péri ;
Vastes blocs qu’a roulés le torrent des ruines ;
Immense lit d’un peuple où la vague a tari ;
Temples qui, pour porter vos fondements de marbre,
Avez déraciné les grands monts comme un arbre ;
Gouffres où rouleraient des fleuves tout entiers ;
Colonnes où...
Fontaine au bleu miroir, quand sur ton vert rivage
La rêveuse Lilla dans l’ombre vient s’asseoir,
Et sur tes flots penchée y jette son image,
Comme au golfe immobile une étoile du soir,
D’un mobile frisson tes flots dormants se plissent,
On n’en voit plus le fond de sable ou de roseaux ;
Mais de charme et de jour tes ondes se remplissent,
Et l...
Le livre de la vie est le livre suprême
Qu’on ne peut ni fermer, ni rouvrir à son choix ;
Le passage attachant ne s’y lit pas deux fois,
Mais le feuillet fatal se tourne de lui-même :
On voudrait revenir à la page où l’on aime,
Et la page où l’on meurt est déjà sous nos doigts !
MOI
Quel fardeau te pèse, ô mon âme !
Sur ce vieux lit des jours par l’ennui retourné,
Comme un fruit de douleurs qui pèse aux flancs de femme
Impatient de naître et pleurant d’être né ?
La nuit tombe, ô mon âme ! un peu de veille encore !
Ce coucher d’un soleil est d’un autre l’aurore.
Vois comme avec tes sens s’...
Oui, je le crois quand je t'écoute,
L'harmonie est l'âme des deux !
Et ces mondes flottants où s'élancent nos yeux
Sont suspendus sans chaîne à leur brillante voûte,
Réglés dans leur mesure et guidés dans leur route
Par des accords mélodieux.
L'antiquité l'a dit, et souvent son génie
Entendit dans la nuit leur lointaine...