• L’homme du soir de la fatigue
    À regarder s’illimiter la mer,
    Sous ie règne du vent despote et des éclairs,
    Les bras tombants, là-bas, s’est assis sur ma digue.

    Le vêtement des plus beaux rêves,
    L’orgueil des humaines sciences brèves,
    L’ardeur, sans plus aucun sursaut de sève,
    Tombaient, en loques, sur son corps :
    Cet homme...

  •  
    Je suis celui des pourritures grandioses
    Qui s’en revient du pays mou des morts ;
    Celui des Ouests noirs du sort
    Qui te montre, là-bas, comme une apothéose,
    Son île immense, où des guirlandes
    De détritus et de viandes
    Se suspendent,
    Tandis, qu’entre les fleurs somptueuses des soirs,
    S’ouvrent les yeux en disques d’or de...

  • Et me voici d’un grand site de catafalques
    Et d’un minuit soudainement illuminé,
    Où s’inscrivent les vestiges et les décalques
    De la splendeur et de l’effroi — l’halluciné !

    La science s’y darde, en des observatoires
    Lenticulés de verres d’or, qui, vers les feux
    Rouges et monstrueux d’un ciel prodigieux,
    Braquent, depuis quels temps...

  • Au long du port moiré de soir,
    Sèchent des cargaisons de fleurs fanées.
    Quelques barques vermillonnées
    Y sillonnent le flot couleur d’or noir.

    Chaque matin, vers l’autre rive
    Où des miroirs de soleil bougent,
    Dansent au vent, leurs agrès rouges
    Et leur allure exaltative.

    On les dirait : fraîches maisons,
    Portes et...

  • Dans son village, au pied des digues,
    Qui l’entourent de leurs fatigues
    De lignes et de courbes vers la mer,
    Le blanc cordier visionnaire
    À reculons, sur le chemin,
    Combine, avec prudence, entre ses mains,
    Le jeu tournant de fils lointains
    Venant vers lui de l’infini.

    Là-bas,
    En ces heures de soir ardent et las,
    Un...

  •  
    Je m’habille des loques de mes jours ;
    Et le bâton de mon orgueil, il plie.
    Mes pieds, dites, comme ils sont lourds
    De me porter, de me traîner, toujours,
    Au long du siècle de ma vie.
    Mon âme est un carillon noir
    Qui sonne au loin, sur un rempart,
    Qui sonne à vide ;
    Mes bras sont vains
    Toute ma tête est vaine...

  • Dites, les gens, les vieilles gens,
    Faites flamber foyers et cœurs dans les hameaux,
    Dites, les gens, les vieilles gens,
    Faites luire de l’or dans vos carreaux
    Qui regardent la route,
    Car les mages avec leurs blancs manteaux,
    Car les bergers avec leurs blancs troupeaux,
    Sont là qui débouchent et qui écoutent
    Et qui s’avancent...

  • Et mon désert de cœur est peuplé de Dieux noirs,
    Ils s’érigent, blocs lourds de bois, ornés de cornes
    Et de pierres, Dieux noirs silencieux des soirs,
    Mornes et noirs, dans le désert de mon cœur morne.

    Avec des yeux, comme les yeux des loups, la nuit,
    Avec des yeux comme la lune, ils me regardent ;
    Et c’est vers eux, vers leur terreur que mon ennui
    ...

  • LA DOUCEUR

    Connaissez-vous ces beaux soirs d’or,
    Où les anges voilent les yeux du jour,
    L’été, quand on aime, d’un lent amour,
    Ceux d’autrefois à qui l’on a fait tort :
    Les doux, qui se donnèrent, sans envie,
    Et dont aucun ne se découragea,
    Bien que souvent, on affligeât
    Leur cœur, pour se...

  • L’EAU

    Ô cette vie, au clair de l’eau !
    Et les miroitements et les langues de l’eau
    Et les mille émeutes de l’eau,
    Dans le soleil, contre la peau !

    La mer émeraudée et le soleil,
    Dites, comme ils sont beaux,
    Avec leurs falaises sauvages
    Et l’étagère en or des soirs et des nuages,
    Dites, la...