• Mon père, ce héros au sourire si doux,
    Suivi d’un seul housard qu’il aimait entre tous
    Pour sa grande bravoure et pour sa haute taille,
    Parcourait à cheval, le soir d’une bataille,
    Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.
    Il lui sembla dans l’ombre entendre un faible bruit.
    C’était un Espagnol de l’armée en déroute
    Qui se traînait sanglant...

  •  
    Rome avait trop de gloire, ô dieux, vous la punîtes
    Par le triomphe énorme et lâche des Samnites ;
    Et nous vîmes ce deuil, nous qui vivons encor.
    Cela n'empêche pas l'aurore aux rayons d'or
    D'éclore et d'apparaître au-dessus des collines.
    Un champ de course est près des tombes Esquilines,
    Et parfois, quand la foule y fourmille en tous sens,
    J'y...

  • XXVII

    Quand le poète peint l’enfer, il peint sa vie :
    Sa vie, ombre qui fuit de spectres poursuivie ;
    Forêt mystérieuse où ses pas effrayés
    S’égarent à tâtons hors des chemins frayés ;
    Noir voyage obstrué de rencontres difformes ;...

  • III

                   

    Par votre ange envolée ainsi qu’une colombe !
    Par ce royal enfant, doux et frêle roseau !
    Grâce encore une fois ! grâce au nom de la tombe !
    Grâce au nom du berceau !

  • Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne.
    Quatre vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
    Ne sont jamais allés à l’école une fois,
    Et ne savent pas lire, et signent d’une croix.
    C’est dans cette ombre-là qu’ils ont trouvé le crime.
    L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme.
    Où rampe la raison, l’honnêteté périt.

    Dieu, le premier...

  • VI

    Prêcher la guerre après avoir plaidé la paix !
    Sagesse, dit le sage, eh quoi, tu me trompais !
    O sagesse, où sont donc les paroles clémentes ?
    Se peut-il qu'on t'aveugle ou que tu te démentes ?
    Et la fraternité, qu'en fais-tu ? te voilà
    Exterminant Caïn, foudroyant Attila !
    - Homme, je ne t'ai pas trompé, dit la sagesse....

  • N'attendez pas de moi que je vais vous donner
    Des raisons contre Dieu que je vois rayonner ;
    La nuit meurt, l'hiver fuit ; maintenant la lumière,
    Dans les champs, dans les bois, est partout la première.
    Je suis par le printemps vaguement attendri.
    Avril est un enfant, frêle, charmant, fleuri ;
    Je sens devant l'enfance et devant le zéphyre
    Je ne sais...

  • Je la revois, après vingt ans, l'île où Décembre
    Me jeta, pâle naufragé.
    La voilà ! c'est bien elle. Elle est comme une chambre
    Où rien encor n'est dérangé.

    Oui, c'était bien ainsi qu'elle était ; il me semble
    Qu'elle rit, et que j'aperçois
    Le même oiseau qui fuit, la même fleur qui tremble,
    La même aurore dans les bois ;

    Il me semble...

  • Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
    Quatrevingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
    Ne sont jamais allés à l'école une fois,
    Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
    C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
    L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
    Où rampe la raison, l'honnêteté périt.

    Dieu, le premier...

  • Le frêle esquif sur la mer sombre
    Sombre ;
    La foudre perce d'un éclair
    L'air.

    C'est minuit. L'eau gémit, le tremble
    Tremble,
    Et tout bruit dans le manoir
    Noir ;

    Sur la tour inhospitalière
    Lierre,
    Dans les fossés du haut donjon,
    Jonc ;

    Dans les cours, dans les colossales
    Salles,
    Et dans les cloîtres du...