• Quand tu dors à qui rêves-tu,
    Toi, leur seule & chère espérance ?
    À laquelle, ô cœur combattu,
    T’arrêtes-tu de préférence ?

    Est-ce à celle qui dort toujours
    Dans le cercueil au cimetière,
    Âme naïve & sans détours
    Dont tu méprisas la prière ?

    À celle qui ne dort jamais,
    Par la passion dévorée,

    Qui crut un jour que tu l’...

  •  
    La chapelle de l’abbaye
    Avait été toute envahie
    D’un flot d’oisifs & de flâneurs ;
    Et sur le marbre blanc des dalles,
    Deux moines, traînant leurs sandales,
    Guidaient à travers les dédales
    Tous ces curieux promeneurs.

    Devant ces royales merveilles,
    Ainsi qu’un noir essaim d’abeilles,
    La foule en groupes se formait.
    ...

  •  
    Ô rêves de jeunesse, éblouissant mirage,
    Qui vous arrachera de mon cœur éperdu ?
    Qu’étaient donc ma raison, ma force, mon courage,
    Qu’ils aient fui pour un mot dans la nuit entendu ?

    Amour ! oh ! c’est bien toi dont j’ai senti la flamme,
    Toi qui fais mon souci, toi qui fais mon effroi !
    Ton souffle impérieux a passé sur mon âme ;
    Je tremble,...

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    Ô rêves de jeunesse, éblouissant mirage,
    Qui vous arrachera de mon cœur éperdu ?
    Qu’étaient donc ma raison, ma force, mon courage,
    Qu’ils aient fui pour un mot dans la nuit entendu ?

    Amour ! oh ! c’est bien toi dont j’ai senti la flamme,
    Toi qui fais mon souci, toi qui fais mon effroi !
    Ton souffle impérieux a passé sur mon âme ;
    Je tremble,...

  •  
    Il est malade, il souffre & je ne puis rien faire,
    Rien pour le soulager, rien même pour lui plaire.
    Je n’ose m’informer tout haut de sa santé ;
    L’intérêt que j’y prends serait interprété.
    J’ai peur de l’irriter par ma sollicitude,
    Et Dieu sait cependant si mon inquiétude
    N’est pas cent fois plus vive à la cacher ainsi !
    Hélas ! veiller sur...

  • Voici venir le jour où mourut mon grand-père.
    Hélas ! c’est pour mon cœur encor tout éperdu
    Un de ces souvenirs sur lesquels rien n’opère,
    Et qui, toujours vivant, tantôt me désespère,
    Tantôt brille à mes yeux comme un rayon perdu.

    Dans la coupe secrète où mes larmes s’assemblent,
    Toutes celles qu’alors m’arracha la douleur
    Ruisselèrent. Et là, dans l...

  • Henriette, Henriette, hélas ! combien de femmes
    Ont conçu, comme toi, la sainte ambition
    De rendre une âme belle à l’égal de leurs âmes,
    Et meurent, comme toi, de leur déception !

    Oh ! combien, comme toi, pauvre ange au noble rêve !
    S’ensanglantent les pieds, se déchirent les mains
    À vouloir soutenir une lutte sans trêve,
    Et consument leur vie en...

  • Lorsque je vais m’asseoir à mon banc favori,
    Qu’il est tard, qu’il fait doux, que selon l’habitude
    Mon petit chien me garde avec sollicitude,
    Tous les songes aimés dont mon cœur s’est nourri
    Reviennent à la fois peupler ma solitude.

    C’est comme un bruit lointain de rires & de chants
    Qui vibre encor dans ma mémoire trop fidèle ;
    C’est comme un vol...

  • C’est le matin, l’enfant, la paupière mi-close,
    Sur le sein maternel paisiblement repose.
    « — Chut ! » disait-elle avec un doux air inquiet,
    « Tout à l’heure il rêvait sans doute, il souriait
    « Même en dormant, & moi, quoique ce soit étrange
    « Et bien fou, n’est-ce pas ? j’imagine qu’un ange
    « À notre chérubin vient encore parler
    « Lorsque nous le...

  • Allons, ce sacrifice encore,
    Et puis tout sera consommé.
    Viens, que la flamme te dévore,
    Pauvre vieux trésor embaumé !
    Venez, sans tarder davantage,
    Ô première & dernière page
    Du roman fatal accompli !
    Venez, ô lettres adorées ;
    Venez, par moi-même livrées,
    Tombez pour toujours dans l’oubli !

    Non, point de larmes superflues,...