Quand celle dont la grâce en mon âme est empreinte
M’a dit, un peu craintive & riant de sa crainte,
Qu’elle s’était piquée au doigt : « Tenez, voyez ! »
Lorsque j’ai vu, parmi ses autres doigts ployés,
A l’annulaire qui dans ma main tremble & bouge,
Une goutte de sang perler brillante & rouge,
Avant que mon esprit troublé ne raisonnât,
Mes...
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Un savant visitait l’Égypte ; ayant osé
Pénétrer dans l’horreur des chambres violettes
Où les vieux rois thébains, en de saintes toilettes,
Se couchaient sous le roc profondément creusé,Il vit un petit pied de femme, mais brisé
Par des Bédouins voleurs de riches amulettes.
Le baume avait saigné le long des bandelettes,
Le henné ravivait les doigts d’... -
Canut, dominateur du vaste océan noir,
Souverain absolu de toute l’Angleterre,
Conquérant redouté des princes de la terre,
Canut sur le rivage une fois vint s’asseoir.En présence des grands il se mit là pour voir
...
Si la puissance humaine était une chimère,
Un souffle, une fumée, un nuage éphémère.
Le sage apprit bientôt ce qu’il voulait savoir ; -
La lisière du bois suit le petit chemin
D’ocre jaune, où tout pli rit d’une graminée.
La pente, pleine d’air, est comme illuminée
D’un lever d’ailes d’or, de soufre & de carmin.Vrilles des liserons glissant leur verte main,
Éphémères d’un soir ou d’une matinée ;
Toute la flore exquise, humble, indéterminée
De l’herbe, amours d’hier, semences de... -
Ô Méditerranée, ô mer tiède, ô mer calme,
Grand lac que sans effroi traversent les oiseaux,
Les aiguilles des pins d’Italie & la palme
Vibrent dans la clarté limpide de tes eaux.Tes golfes dentelés ont de divins caprices,
Ton éclatant rivage a des cailloux d’argent,
Et la voile latine erre sur tes flots lisses,
Charmante comme un cygne immobile... -
Le contour des objets tremble. Le jour recule.
Les horizons sont plus prochains au crépuscule,
Et la colline semble un navire qui va…
Voici l’heure féerique où tout ce qu’on rêva
D’étrange reparaît tout à coup dans les choses :L’arbre noueux se tord en de bizarres poses ;
Un frisson court. Les bruits ressemblent à des voix ;
L’horreur sacrée emplit... -
Tiède du souvenir des occidents vermeils,
La nuit sur les coteaux palpite immense & bonne.
Elle est comme la mer : un vent d’aile y frissonne ;
Leur couleur est semblable & leurs bruits sont pareils.Le sein large & profond qui porte les soleils,
Où le flot incessant des univers rayonne,
Est indulgent & n’a d’embûches pour personne,
Et... -
Nous aimons à rôder sur la place Navone.
Ah ! le pied n’y bat point l’asphalte monotone,
Mais un rude pavé, houleux comme une mer.
Des maraîchers y font leurs tentes tout l’hiver,
Et les enfants, l’été, s’ébattent dans l’eau bleue,
Sous le triton qui tient un dauphin par la queue.
Au beau milieu surgit un chaos où l’on voit
Dans un antre de pierre un... -
Sur la place Vendôme, un soir de paix profonde,
J’entendis de tambours un roulement si grand,
Que, tout à coup, moi-même à l’unisson vibrant,
Je crus que l’on partait pour conquérir le monde !Lancée aux quatre vents, la fanfare qui gronde
M’emmène avec un bruit déjà moins enivrant.
Nous marchons ; mais bientôt, de mon orchestre errant,
Chaque... -
Au coin du boulevard de la Reine, à Versailles,
Sur un vieux mur terreux, hérissé de broussailles,
Qui clôt de sa tristesse un plus triste jardin,
Une rose fleurit, comme au parc d’Aladin.Je passe devant elle, & sa fraîcheur me trouble.
Cette rose n’a pas de nom ; à peine double,
La greffe a négligé ses rameaux délicats,
Et nos horticulteurs en...