• Quand tes beaux pieds distraits errent, ô jeune fille,
    Sur ce sable mouillé, frange d’or de la mer,
    Baisse-toi, mon amour, vers la blonde coquille
    Que Vénus fait, dit-on, polir au flot amer.

    L’écrin de l’Océan n’en a point de pareille ;
    Les roses de ta joue ont peine à l’égaler ;
    Et quand de sa volute on approche l’oreille,
    On entend mille voix qu’on...

  • Ô terre, vil monceau de boue
    Où germent d’épineuses fleurs,
    Rendons grâce à Dieu, qui secoue
    Sur ton sein ses fraîches couleurs !

    Sans ces urnes où goutte à goutte
    Le ciel rend la force à nos pas,
    Tout serait désert, et la route
    Au ciel ne s’achèverait pas.

    Nous dirions: — À quoi bon poursuivre
    Ce sentier qui mène au cercueil ?
    ...

  • Orchestre du Très-Haut, bardes de ses louanges,
    Ils chantent à l'été des notes de bonheur ;
    Ils parcourent les airs avec des ailes d'anges
    Échappés tout joyeux des jardins du Seigneur.

    Tant que durent les fleurs, tant que l'épi qu'on coupe
    Laisse tomber un grain sur les sillons jaunis,
    Tant que le rude hiver n'a pas gelé la coupe
    Où leurs pieds vont...

  • Lorsque vient le soir de la vie,
    Le printemps attriste le cœur :
    De sa corbeille épanouie
    Il s’exhale un parfum moqueur.
    De toutes ces fleurs qu’il étale,
    Dont l’amour ouvre le pétale,
    Dont les prés éblouissent l’œil,
    Hélas ! il suffit que l’on cueille
    De quoi parfumer d’une feuille
    L’oreiller du lit d’un cercueil.

    Cueillez-moi ce...

  • Encor mal éveillé du plus brillant des rêves,
    Au bruit lointain du lac qui dentelle tes grèves,
    Rentré sous l’horizon de mes modestes cieux,
    Pour revoir en dedans je referme les yeux,
    Et devant mes regards flottent à l’aventure,
    Avec des pans de ciel, des lambeaux de nature !
    Si Dieu brisait ce globe en confus éléments,
    Devant sa face ainsi...

  • Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
    Dans son brillant exil mon cœur en a frémi ;
    Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
    Comme les pas connus ou la voix d'un ami.

    Montagnes que voilait le brouillard de l'automne,
    Vallons que tapissait le givre du matin,
    Saules dont l'émondeur effeuillait la couronne,
    Vieilles tours que le soir dorait dans...

  •  
    Montagne à la cime voilée,
    Pourquoi vas-tu chercher si haut,
    Au fond de la voûte étoilée,
    Des autans l'éternel assaut?

    Des sommets triste privilège !
    Tu souffres les âpres climats,
    Tu reçois la foudre et la neige,
    Pendant que l'été germe en bas.

    A tes pieds s'endort sous la feuille,
    A l'ombre de tes vastes...

  •  
    Le chaume et la mousse
    Verdissent le toit ;
    La colombe y glousse,
    L'hirondelle y boit ;
    Le bras d'un platane
    Et le lierre épais
    Couvrent la cabane
    D'une ombre de paix.

    Ma sœur, que de charmes !...
    Et devant cela
    Tu n'as que des larmes ?
    — Ah ! s'il était là !...

    Une verte pente
    Trace les...

  • Et la mer s’apaisait, comme une urne écumante
    Qui s’abaisse au moment où le foyer pâlit,
    Et retirant du bord sa vague encor fumante,
    Comme pour s’endormir, rentrait dans son grand lit ;

    Et l’astre qui tombait de nuage en nuage
    Suspendait sur les flots un orbe sans rayon,
    Puis plongeait la moitié de sa sanglante image,
    Comme un navire en feu qui sombre...

  •  
    Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
    Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
    Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
    S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur,
    Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,
    S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
    Voilà du papillon le destin enchanté!
    Il...