Par la rue enfiévrante où mes pas inquiets
Se traînent au soleil comme au gaz, je voyais
Derrière une affreuse vitrine
Où s’étalaient du beurre et des fromages gras,
Une superbe enfant dont j’admirais les bras
...
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La porchère va remplir l’auge
De son mouillé d’eau de vaisselle.
Les deux bras nus jusqu’à l’aisselle,
Elle va, vient, court et patauge.— L’air est plein d’une odeur de sauge.
La lumière partout ruisselle.
La porchère va remplir l’auge
De son mouillé d’eau de vaisselle.Et ma foi ! mon désir se jauge
Aux charmes de la jouvencelle :... -
En amour, l’homme est la souris
Pour qui toute femme est la chatte.
Le sot ne voit pas l’ongle gris
Sous le doux velours de la patte.Il pompe, le pauvre imprudent,
La chère moiteur qui l’arrose,
Sans songer qu’une horrible dent
Est derrière la langue rose.Je vous le dis en vérité,
Savant, philosophe, poète :
On s’emplit d’... -
Elle faisait songer aux très vieilles forêts.
Treize lampes de fer, oblongues et spectrales,
Y versaient jour et nuit leurs clartés sépulcrales
Sur ses livres fanés pleins d’ombre et de secrets.Je frissonnais toujours lorsque j’y pénétrais :
Je m’y sentais, parmi des brumes et des râles,
Attiré par les bras des treize fauteuils pâles
Et... -
Quand le chagrin, perfide et lâche remorqueur,
Me jette en ricanant son harpon qui s’allonge,
La Nuit m’ouvre ses bras pieux où je me plonge
Et mêle sa rosée aux larmes de mon cœur.À son appel sorcier, l’espoir, lutin moqueur,
Agite autour de moi ses ailes de mensonge,
Et dans l’immensité de l’espace et du songe
Mes regrets vaporeux s’... -
Le menuisier entra, son mètre dans la main,
Et dit : « Bonjour ! Celui qu’on enterre demain,
Où donc est-il ? Voyons. Je viens prendre mesure ! »
Et comme il s’avançait au fond de la masure,
Il vit sur un grabat sinistre et dépouillé
Le mort couvert d’un drap ignoblement souillé.
Vaguement sous la toile on devinait des formes ;
Un bras sortait... -
Au son de musiques étranges
De harpes et de clavecins,
Tandis que flottent par essaims
Les cantiques et les louanges,Elle blanchit robes et langes
Dans l’eau bénite des bassins,
Au son de musiques étranges
De harpes et de clavecins.Et les bienheureuses phalanges
Peuvent la voir sur des coussins
Repassant les surplis des... -
L’œil injecté de sang, le mufle dans l’eau sale,
Un bœuf, à moitié mort de soif et de chaleur,
Penchait sur le trottoir sa tête colossale
Devant un boucher ivre et sourd à sa douleur.À la fin, il tomba pesamment sur les pierres,
Et, fracassé, vomit dans sa bave trois dents,
Au milieu des lazzis de hideuses tripières
Voyant en lui déjà des intestins... -
Le fossoyeur me dit : « Cert’ ! je n’suis pas dévot.
Mes sentiments là-d’sus sont quasiment les vôtres,
Ça n’empêch’ que, comm’vous, j’ai le m’surag’ qu’i’ faut,
Et que j’sais rend’ justice aux prêtr’ tout comme aux autres.On avait d’la r’ligion naguère !
... -
Le notaire dit : « Jean ! il s’agit d’un partage.
Votre frère, passé pour mort,
Authentiquement vit encor.
Vous êtes maintenant deux pour votre héritage.— Ça s’rait-il Dieu possibl’ ? ah ben !...