• Elles grincent, mes girouettes,
    Sur le pauvre toit en lambeaux.
    Tous les arbres, grands et nabots,
    Ont de lugubres silhouettes !

    Dans la saison des alouettes,
    Quand les cieux dorment sans flambeaux,
    Elles grincent mes girouettes
    Sur le pauvre toit en lambeaux.

    Comme elles font des pirouettes
    Dès que les jours ne sont plus beaux !
    ...

  • Le jour comme à minuit
    Je fume.
    Car le tabac parfume
    L’ennui.
    Ô mes pipes, sans bruit,
    Dans vos nimbes de brume
    ...

  •  
    Hugo ! monde farouche ! Etna de poésie !
    Pour l’éteindre, la mer n’aurait pas assez d’eau.
    Prodigieux contraste ! immense fantaisie !
    Créant Esméralda près de Quasimodo !…

    Hugo ! c’est le clairon gigantesque qui sonne
    La fanfare du droit et de la liberté !
    Et ses vers, blancs chevaux que l’art caparaçonne,
    Galopent dans la nuit du rêve...

  •  
    Par quelle fantaisie insolite et malsaine
    En vins-je à grimacer devant ma glace, un soir,
    Un soir de fin d’automne où Paris, morne et noir
    Pompait lugubrement les brouillards de la Seine ?

    Le fait est que mêlant la tendresse à la haine,
    La rage à la stupeur, le rire au désespoir,
    Ma physionomie en face du miroir
    Passa par tous les tons de la...

  •  
    Il tète avec avidité
    Et se cogne au sein qu’il enlace ;
    Puis, lorsque sa nourrice est lasse,
    Il dort sur son ventre ouaté.

    Pour le minet doux et futé
    C’est un lit que rien ne remplace !
    Il tète avec avidité
    Et se cogne au sein qu’il enlace.

    Quand il s’est bien lissé, gratté,
    Pris la queue et vu dans la glace,
    Après ses...

  •  
    Sous la pluvieuse lumière,
    Dans l’air si glacé, la chaumière,

    Non loin d’un marais insalubre,
    Est lamentablement lugubre.

    Au-dedans, c’est tant de misère
    Que d’y penser le cœur se serre !

    De chaque solive minée,
    Du grand trou de la cheminée

    Dont le foyer large est tout vide,
    Le froid tombe en un jour livide ;

    Et la bise...

  •  
    Le ciel ayant figé ses grands nuages roses,
    Émeraudés, lilas, cuivreux et violets,
    L’étang clair, miroitant dans la douceur des choses,
    Renvoya leur image avec tous ses reflets.

    Dans l’onde, sous le souffle errant des vents follets,
    Gardant leur infini, leurs airs d’apothéoses,
    Leur éclat, leur magique et leur lointain complets,
    Ils dormaient...

  •  
    En face d’un miroir est une femme étrange
    Qui tire une perruque où l’or brille à foison,
    Et son crâne apparaît jaune comme une orange
    Et tout gras des parfums de sa fausse toison.
     
    Sous des lampes jetant une clarté sévère
    Elle sort de sa bouche un râtelier ducal,
    Et de l’orbite gauche arrache un œil de verre
    Qu’elle met avec soin dans un...

  •  
    Ceux que l’œil du public outrage,
    — Noyés, pendus, assassinés, —
    Ils sont là, derrière un vitrage,
    Sur des lits de marbre inclinés.

    Des robinets de cuivre sale
    Font leur bruit monotone et froid
    Au fond de la terrible salle
    Pleine de silence et d’effroi.

    À la voûte, un tas de défroques
    Pend, signalement empesté :
    Haillons...

  • La nature, au printemps, semble par sa féerie
    Glorifier tous les trépas qu’elle a conçus.
    Passe un enterrement ? elle répand dessus
    Son parfum, sa musique et sa grâce fleurie.

    On dirait qu’elle veut que chaque arbre sourie
    Aux mignonnets cercueils des tout petits Jésus,
    Que ces panaches, d’ombre et de vapeur tissus,
    Célèbrent la candeur de leur âme...