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    Puisqu’un irrésistible appeau
    Attire à toi toute mon âme,
    Et que toute ma chair proclame
    Le magnétisme de ta peau :
    Irrite, mais sans le proscrire,
    Le désir qui me ronge, et puis
    Viens emparadiser mes nuits,
    Ensorceleuse au froid sourire.

    Aux bruits mouillés, tendres et fous
    De nos baisers démoniaques,
    Comme deux serpents...

  • Je te mets en capilotade
    Si je te prends à batailler :
    Assez longtemps le poulailler
    A souffert ta rodomontade.

    Je t’en préviens, jeune pintade,
    Comme un bourreau, sans sourciller.
    Je te mets en capilotade
    Si je te prends à batailler.

    Je te passe encor la boutade
    Et ta façon de piailler
    Qui m’empêche de travailler ;
    Mais, à...

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    Es-tu femme ou statue ? Hélas ! j’ai beau m’user
    Par les raffinements inouïs que j’invente
    Pour forcer ta chair morte à devenir vivante,
    J’ai beau me convulser sur ta gorge énervante,
    Tu n’as jamais senti la luxure savante
    De mon baiser.

    Ainsi donc, comme un plomb...

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    À quoi pense la Nuit, quand l’âme des marais
    Monte dans les airs blancs sur tant de voix étranges,
    Et qu’avec des sanglots qui font pleurer les anges
    Le rossignol module au milieu des forêts ?…

    À quoi pense la Nuit, lorsque le ver luisant
    Allume dans les creux des frissons d’émeraude,
    Quand murmure et parfum, comme un zéphyr qui rôde,
    ...

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    Hors de Paris, mon cœur s’élance,
    Assez d’enfer et de démons :
    Je veux rêver dans le silence
    Et dans le mystère des monts.

    Barde assoiffé de solitude
    Et bohémien des guérets,
    J’aurai mon cabinet d’étude
    Dans les clairières des forêts.

     

    Et là, mes vers auront des notes
    Aussi douces que le soupir
    Des rossignols et des...

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    J’aime tes longs cheveux et tes pâles menottes,
    Tes petits pieds d’enfant, aux ongles retroussés,
    Tes yeux toujours pensifs et jamais courroucés,
    Ta bouche de velours et tes fines quenottes.

    Puis, j’adore ton cœur où, comme des linottes,
    Gazouillent à loisir tes rêves cadencés ;
    Ton cœur, aux sentiments touffus et nuancés,
    Et ton esprit qui...

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    La belle en larmes
    Pleure l’abandon de ses charmes
    Dont un volage enjôleur
    A cueilli la fleur.
    Elle sanglote...

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    On voit sortir, l'été, par les superbes temps,
    Les poitrinaires longs, fluets et tremblotants ;
    Ils cherchent, l’œil vitreux et noyé de mystère,
    Dans une grande allée, un vieux banc solitaire
    Et que le soleil cuit dans son embrasement.
    Alors, ces malheureux s’assoient avidement,
    Et débiles, voûtés, blêmes comme des marbres
    Regardent vaguement...

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    C’était l’heure du rêve et de l’effacement :
    Tout, dans la nuit, allait se perdre et se dissoudre ;
    Et, d’échos en échos, les rumeurs de la foudre
    Traînaient dans l’air livide un sourd prolongement.

    Pendue au bord des cieux pleins d’ombres et d’alarmes,
    Et si bas qu’un coteau semblait les effleurer,
    La pluie, ainsi qu’un œil qui ne peut pas pleurer...

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    Elle était toute nue assise au clavecin ;
    Et tandis qu’au dehors hurlaient les vents farouches
    Et que Minuit sonnait comme un vague tocsin,
    Ses doigts cadavéreux voltigeaient sur les touches.

    Une pâle veilleuse éclairait tristement
    La chambre où se passait cette scène tragique,
    Et parfois j’entendais un sourd gémissement
    Se mêler aux accords...