Rainer Maria Rilke

  • Ez ablakom itt. Lágyan
    ébredtem és kevély
    lengésbe vitt a vágyam.
    Hol életem s az ágyam
    s hol kezdődik az éj?

    Úgy rémlik, ez a friss táj
    én volnék, szerteszét;
    áttetsző, mint a kristály,
    mély, néma és setét.

    A csillag millióit...

  • Mint tartsam az én lelkem, hogy ne érjen
    a te lelkedhez? Mint emeljem innen
    más dolgokhoz fölötted, észrevétlen?
    Jaj, csak lehetne a homályba vinnem,
    rég elveszett magányba, a sötétben,
    hol elhagyottan néma-tompa csend ül
    s nem zeng a táj, ha mélyem...

  • Tel cheval qui boit à la fontaine,
    telle feuille qui en tombant nous touche,
    telle main vide, ou telle bouche
    qui nous voudrait parler et qui ose à peine -,

    autant de variations de la vie qui s'apaise,
    autant de rêves de la douleur qui somnole :
    ô que celui...

  • Reste tranquille, si soudain
    l'Ange à ta table se décide ;
    efface doucement les quelques rides
    que fait la nappe sous ton pain.

    Tu offriras ta rude nourriture
    pour qu'il en goûte à son tour,
    et qu'il soulève à sa lèvre pure
    un simple verre de tous...

  • Combien a-t-on fait aux fleurs
    d'étranges confidences,
    pour que cette fine balance
    nous dise le poids de l'ardeur.

    Les astres sont tous confus
    qu'à nos chagrins on les mêle.
    Et du plus fort au plus frêle
    nul ne supporte plus

    notre humeur...

  • I

    Ô mélodie de la sève
    qui dans les instruments
    de tous ces arbres s'élève -,
    accompagne le chant
    de notre voix trop brève.

    C'est pendant quelques mesures
    seulement que nous suivons
    les multiples figures
    de ton long abandon,
    ô...

  • Cette lumière peut-elle
    tout un monde nous rendre ?
    Est-ce plutôt la nouvelle
    ombre, tremblante et tendre,
    qui nous rattache à lui ?
    Elle qui tant nous ressemble
    et qui tourne et tremble
    autour d'un étrange appui.
    Ombres des feuilles frêles,
    ...

  • Ô faisons tout pour cacher son visage
    d'un mouvement hagard et hasardeux,
    il faut le reculer au fond des âges
    pour adoucir son indomptable feu.

    Il vient si près de nous qu'il nous sépare
    de l'être bien-aimé dont il se sert ;
    il veut qu'on touche ; c'est un...

  • Là, sous la treille, parmi le feuillage
    il nous arrive de le deviner :
    son front rustique d'enfant sauvage,
    et son antique bouche mutilée...

    La grappe devant lui devient pesante
    et semble fatiguée de sa lourdeur,
    un court moment on frôle l'épouvante...

  • Lampe du soir, ma calme confidente,
    mon coeur n'est point par toi dévoilé ;
    (on s'y perdrait peut-être ;) mais sa pente
    du côté sud est doucement éclairée.

    C'est encore toi, ô lampe d'étudiant,
    qui veux que le liseur de temps en temps
    s'arrête, étonné, et...