José-Maria de Heredia

  • Au milieu de l'écume arrêtant son essor,
    Le Cavalier vainqueur du monstre et de Méduse,
    Ruisselant d'une bave horrible où le sang fuse,
    Emporte entre ses bras la vierge aux cheveux d'or.

    Sur l'étalon divin, frère de Chrysaor,
    Qui piaffe dans la mer et hennit et...

  • Qui que tu sois, Vivant, passe vite parmi
    L'herbe du tertre où gît ma cendre inconsolée ;
    Ne foule point les fleurs de l'humble mausolée
    D'où j'écoute ramper le lierre et la fourmi.

    Tu t'arrêtes ? Un chant de colombe a gémi.
    Non ! qu'elle ne soit pas sur ma tombe...

  • Celui-là peut compter parmi les grands défunts,
    Car son bras a guidé la première carène
    A travers l'archipel des jardins de la Reine
    Où la brise éternelle est faite de parfums.

    Plus que les ans, la houle et ses âcres embruns,
    Les calmes de la mer embrasée et...

  • Cette verrière a vu dames et hauts barons
    Étincelants d'azur, d'or, de flamme et de nacre,
    Incliner, sous la dextre auguste qui consacre,
    L'orgueil de leurs cimiers et de leurs chaperons ;

    Lorsqu'ils allaient, au bruit du cor ou des clairons,
    Ayant le glaive au...

  • Ici gît, Étranger, la verte sauterelle
    Que durant deux saisons nourrit la jeune Hellé,
    Et dont l'aile vibrant sous le pied dentelé
    Bruissait dans le pin, le cytise ou l'airelle.

    Elle s'est tue, hélas ! la lyre naturelle,
    La muse des guérets, des sillons et du blé...

  • Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
    Fatigués de porter leurs misères hautaines,
    De Palos de Moguer, routiers et capitaines
    Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.

    Ils allaient conquérir le fabuleux métal
    Que Cipango mûrit dans ses mines...

  • A vous trouppe légère
    Qui d'aile passagère
    Par le monde volez...

    JOACHIM DU BELLAY.


    Accoudée au balcon d'où l'on voit le chemin
    Qui va des bords de Loire aux rives d'Italie,
    Sous un pâle rameau d'olive son front plie.
    La violette en fleur...

  • Donc, Balthazar, Melchior et Gaspar, les Rois Mages,
    Chargés de nefs d'argent, de vermeil et d'émaux
    Et suivis d'un très long cortège de chameaux,
    S'avancent, tels qu'ils sont dans les vieilles images.

    De l'Orient lointain, ils portent leurs hommages
    Aux pieds...

  • L'homme et la bête, tels que le beau monstre antique,
    Sont entrés dans la mer, et nus, libres, sans frein,
    Parmi la brume d'or de l'âcre pulvérin,
    Sur le ciel embrasé font un groupe athlétique.

    Et l'étalon sauvage et le dompteur rustique,
    Humant à pleins...

  • Les vendangeurs lassés ayant rompu leurs lignes,
    Des voix claires sonnaient à l'air vibrant du soir
    Et les femmes, en choeur, marchant vers le pressoir,
    Mêlaient à leurs chansons des appels et des signes.

    C'est par un ciel pareil, tout blanc du vol des cygnes,
    ...