Fraîches, d’un rose vif et pâle tour à tour,
Les heures du matin sont l’enfance du jour.
Du ciel elles ont vu la ville, leur amie,
Et donnent un baiser à la belle endormie.
Faites de transparence et de virginité,
Nul souffle impur ne touche à leur frêle beauté....
Albert Mérat
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La petite rivière, bleue
Si peu que le ciel ait d’azur,
D’ici fait encore une lieue,
Puis verse au fleuve son flot pur.Plus grande, elle serait moins douce,
Elle n’aurait pas la lenteur
Qui dans les herbes mène et pousse
Son cours délicat et chanteur... -
Le soleil s’est levé du milieu des collines
Comme le premier-né divin des nuits d’été,
Déchirant, dans un vol de flammes emporté,
Du matin frissonnant les frêles mousselines.Les champs, l’eau, les forêts graves & sibyllines,
La terre jusqu’au ciel tressaille... -
La bonté du soleil n’apaise pas nos yeux.
Nous avons les prés clairs où l’eau met des buées,
Les collines aux plis charmants continuées
En des bandes couleur de perle au bord des cieux.Nos chênes sont si hauts, si vaillants & si vieux
Qu’ils connaissent la... -
Il faudrait, pour quitter la ville, un vieux bateau,
Suivant l’eau lentement, sans voiles & sans rames.
Sur des nuages blancs aussi blancs que des femmes,
Le ciel d’été, l’azur étendrait son manteau.Serré dans le granit comme dans un étau,
Le fleuve mord ses... -
Nos coteaux, les plus purs de tous & les plus doux,
Que, n’eût été la Grèce, auraient choisis les faunes,
Au bas de leurs sentiers poudrés de sables jaunes
Ont comme une hydre énorme éparse à leurs genoux.La Ville nous fascine, étant moins près de nous,
Avec... -
Tiède du souvenir des occidents vermeils,
La nuit sur les coteaux palpite immense & bonne.
Elle est comme la mer : un vent d’aile y frissonne ;
Leur couleur est semblable & leurs bruits sont pareils.Le sein large & profond qui porte les soleils,
Où le... -
La lisière du bois suit le petit chemin
D’ocre jaune, où tout pli rit d’une graminée.
La pente, pleine d’air, est comme illuminée
D’un lever d’ailes d’or, de soufre & de carmin.Vrilles des liserons glissant leur verte main,
Éphémères d’un soir ou d’une matinée... -
L’ombre bleuâtre & claire au milieu des allées,
Comme un long voile plein de taches étoilées,
Cache à peine la terre & flotte avec douceur ;
Le soleil, en rayant la légère épaisseur,Forme des réseaux d’or où palpitent mes rêves.
Les frênes aux bourgeons... -
Comme la main distraite et qui n’a pas de thème
Précis, par la vertu secrète d’un aimant,
Décrit, sans y songer et machinalement,
Un contour au hasard jeté, toujours le même ;Ainsi va ma pensée, et l’éternel problème
De l’amour la ramène à tracer constamment...