Émile Verhaeren

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    La mort a bu du sang
    Au cabaret des Trois Cercueils.

    La Mort a mis sur le comptoir
    Un écu noir ;
    Et puis s’en est allée.

    « C’est pour les cierges et pour les deuils »
    Et puis s’en est allée.

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  • La Mort a bu du sang
    Au cabaret des Trois Cercueils.

    La Mort a mis sur le comptoir
    Un écu noir,
    « C’est pour les cierges et pour les deuils. »

    Des gens s’en sont allés
    Tout lentement
    Chercher le sacrement.

    On a vu cheminer le...

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    Vents, dénouez mes longs cheveux
    Et brûlez-en mes amoureux.

    Mouillez mes mains, fraîche rosée,
    Et qu’aussitôt mille désirs...

  • La plaine, au loin, est uniforme et morne
    Et l’étendue est veule et grise
    Et Novembre qui se précise
    Bat l’infini, d’une aile grise.

    De village en village, un vent moisi
    Appose aux champs sa flétrissure ;
    L’air est moite ; le sol, ainsi...

  • Aube joyeuse et joli gel,
    Toute la ville est cristalline
    Et se pare comme un autel :
    Termonde, Alost, Lierre, Malines.

    Ouates, flocons, mousses, linons,
    La neige a chu par avalanches ;
    Si purs et nets sont les pignons,
    Que l’on dirait des nonnes...

  • Si nous nous admirons vraiment les uns les autres,
    Du fond même de notre ardeur et notre foi,
    Vous les penseurs, vous les savants, vous les apôtres,
    Pour les temps qui viendront, vous extrairez la loi.

    Nous apportons, ivres du monde et de nous-mêmes,
    Des cœurs d’...

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    Dans son enclos ceint de hauts murs
    Où pousse au long des prés l’armoise ou la jonquille,
    Elle accepte son sort parmi les hommes...

  • Dépensant tous pour leur richesse ou leur besoin
    Mille efforts solidaires,
    Ils habitaient de père en fils le même...

  • Faux et râteaux !

    Bidons au poing, paniers au dos,
    Un linge humide enveloppant la gourde,
    S’en vont, vers l’horizon,
    Les gens qui font leur fenaison,

    Malgré l’heure plombante et lourde.

    ...
  • Les pas qui s’en allaient jadis
    Et du champ à la grange et de l’étable au puits,
    Les pas qui s’en allaient par la sente sauvage,
    Le dimanche matin, à la messe, au village,
    ...