Title Poet Year Written Collection Body
« Toi qui troubles la paix des nonchalantes eaux » Daniel Bernard 1862 French

 
Toi qui troubles la paix des nonchalantes eaux,
La paix des eaux d’argent, la paix des eaux glacées ;
Toi dont la barque joue avec les gais ruisseaux
Dans le frémissement des rames balancées,

Pêcheur, — vois-tu couchée, auprès des longs roseaux,
La fiancée...

« Toujours je la connus pensive et sérieuse » Charles Augustin Sainte-Beuve 1824 French

  Toujours je la connus pensive et sérieuse :
Enfant, dans les ébats de l’enfance joueuse
Elle se mêlait peu, parlait déjà raison ;
Et, quand ses jeunes sœurs couraient sur le gazon,
Elle était la première à leur rappeler l’heure,
À dire qu’il fallait regagner la...

« Toujours le même fait se répète ; il le faut » Victor Hugo 1822 French

XV

Toujours le même fait se répète ; il le faut.
Le trône abject s'adosse à l'illustre échafaud ;
L'aigle semble inutile et ridicule aux grues ;
On traîne Coligny par les pieds dans les rues ;
Dante est fou ; Rome met à la porte Caton ;...

« Tout était vision » Victor Hugo 1822 French

 
Tout était vision sous les ténébreux dômes ;
J'aperçus dans l'espace étoilé trois fantômes ;
Les deux premiers très-loin et le dernier plus près.
Le premier spectre dit : — Mané Thécel Pharès.
Son doigt levé montrait l'obscurité maudite ;
Il ressemblait au...

« Tout jeune homme aujourd’hui » Auguste Brizeux 1826 French

 
Tout jeune homme aujourd'hui semble un vieillard aride,
Et le plus jeune front déjà porte sa ride
Dans ce siècle penseur, tant la réflexion
Est plus prompte que l'âge à creuser son sillon !
Avec la foi naïve est morte toute flamme,
Et la candeur du front...

« Tout Orgueil fume-t-il du soir » Stéphane Mallarmé 1914 French

Tout Orgueil fume-t-il du soir,
Torche dans un branle étouffée
Sans que l’immortelle bouffée
Ne puisse à l’abandon surseoir !
 
La chambre ancienne de l’hoir
De maint riche mais chu trophée
Ne serait pas même chauffée
S’il survenait par le couloir...

« Tout Orgueil fume-t-il du soir » Stéphane Mallarmé 1887 French

Tout Orgueil fume-t-il du soir,
Torche dans un branle étouffée
Sans que l’immortelle bouffée
Ne puisse à l’abandon surseoir !

La chambre ancienne de l’hoir
De maint riche mais chu trophée
Ne serait pas même chauffée
S’il survenait par le couloir.

...
« Toute Aurore même gourde » Stéphane Mallarmé 1914 French

Toute Aurore même gourde
A crisper un poing obscur
Contre des clairons d’azur
Embouchés par cette sourde

A le pâtre avec la gourde
Jointe au bâton frappant dur
Le long de son pas futur
Tant que la source ample sourde

Par avance ainsi tu vis...

« Toute cette nuit nous avons » Théodore de Banville 1843 French

 
Toute cette nuit nous avons
Relu le vieil ami Shakspere
Aux beaux endroits que nous savons,
Et voici que la nuit expire.

Nous avons longtemps veillé, mais
Nous lisions le poëte unique,
Et la sombre nuit n'eut jamais
Plus d'étoiles à sa tunique...

« Toute l’âme résumée » Stéphane Mallarmé 1914 French

Toute l’âme résumée
Quand lente nous l’expirons
Dans plusieurs ronds de fumée
Abolis en autres ronds

Atteste quelque cigare
Brûlant savamment pour peu
Que la cendre se sépare
De son clair baiser de feu

Ainsi le chœur des romances
A la...

« Toutes les amours de la terre » Paul Verlaine 1864 French

Toutes les amours de la terre
Laissent au cœur du délétère
Et de l’affreusement amer,
Fraternelles et conjugales,
Paternelles et filiales,
Civiques et nationales,
Les charnelles, les idéales,
Toutes ont la guêpe et le ver.

La mort prend ton père...

« Trois femmes à la tête blonde » Théodore de Banville 1889 French

 

Trois femmes à la tête blonde
Pour une mission féconde
Ont rayonné sur notre monde :

Ève, la Joie et la Beauté ;
Maria, la Virginité ;
Madeleine, la Charité.

Parfumés comme des calices,
Dans la clarté, leurs cheveux lisses
Versent d’...

« Tu m’ostines !» Paul Verlaine 1864 French

« Tu m’ostines ! » — « Et je t’emmène
A la campagne. » Ainsi parlaient
Deux amoureux dont s’éperlaient
Plus d’un encor propos amène.

Je crains fort que ces amoureux
N’aient été nous l’autre semaine
Nous répondant, Tyrcis, Climène,
Hélas i en mots trop...

« Tu t’en vas » Barbey d’Aurevilly 1828 French

 
      Tu t’en vas, — ce n’est pas ta faute.
Tu le crois ton Destin. Il part, et tu le suis…
    Le cœur navré, dont un jour tu fus l’hôte,
      Sait trop que ce n’est pas ta faute
      Et te pardonne, si tu fuis.

      Va ! je sais trop comme s’achève...

« Un groupe tout à l’heure était là sur la grève » Victor Hugo 1908 French

 
Un groupe tout à l’heure était là sur la grève,
Regardant quelque chose à terre. ― Un chien qui crève !
M’ont crié des enfants ; voilà tout ce que c’est. ―
Et j’ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait.
L’océan lui jetait l’écume de ses lames.
—...

« Un hymne harmonieux sort des feuilles du tremble » Victor Hugo 1908 French

 
Un hymne harmonieux sort des feuilles du tremble ;
Les voyageurs craintifs, qui vont la nuit ensemble,
Haussent la voix dans l’ombre où l’on doit se hâter.
Laissez tout ce qui tremble
Chanter.

Les marins fatigués sommeillent sur le gouffre.
La mer...

« Un jour je vis le sang couler de toutes parts » Victor Hugo 1822 French

I

Un jour je vis le sang couler de toutes parts ;
Un immense massacre était dans l'ombre épars ;
Et l'on tuait. Pourquoi ? Pour tuer. Ô misère !
Voyant cela, je crus qu'il était nécessaire
Que quelqu'un élevât la voix, et je parlai.
...

« Un jour le rat des champs » André Chénier 1782 French

 
Un jour le rat des champs, ami du rat de ville,
Invita son ami dans son rustique asile.
Il était économe et soigneux de son bien
Mais l'hospitalité, leur antique lien,
Fit les frais de ce jour, comme d'un jour de fête,
Tout fut prêt, lard, raisin, et fromage...

« Un jour reconnaissant que je suis incapable » François Béroalde de Verville 1576 French

 
Un jour reconnaissant que je suis incapable,
Belle, de vous servir, j'en vins au désespoir,
Et prenant le chemin du désert effroyable,
Je voulus m'y cacher pour jamais ne rien voir.

C'est bien avoir des yeux de voir ce qui s'adresse,
Et de le discerner....

« Un peu de merde et de fromage » Paul Verlaine 1904 French

Un peu de merde et de fromage
Ne sont pas pour effaroucher
Mon nez, ma bouche et mon courage
Dans l’amour de gamahucher.

L’odeur m’est assez gaie en somme,
Du trou du cul de mes amants,
Aigre et fraîche comme la pomme
Dans la moiteur de saints ferments...