Sonnet bouts-rimés |
Théophile Gautier |
1831 |
French |
Amis, si vous voulez que je trouve un condor,
M’envoyer de Neuilly jusque dans Eckenfoerde
C’est vouloir à coup sûr que ma peine se perde
Car je ne l’aurais pas, même pour son poids d’or.
Je n’entendis jamais la musique de Spohr,... |
Sonnet cabalistique |
Charles Cros |
1862 |
French |
Dans notre vie âcre et fiévreuse
Ta splendeur étrange apparaît,
Phare altier sur la côte affreuse ;
Et te voir est joie et regret.
Car notre âme que l’ennui creuse
Cède enivrée à ton attrait,
Et te voudrait la reine heureuse
D’un monde qui t’... |
Sonnet cinq de vingt neuf |
Étienne de La Boétie |
1550 |
French |
J’ai vu ses yeux perçants, j’ai vu sa face claire :
(Nul jamais sans son dam ne regarde les dieux)
Froid, sans cœur me laissa son œil victorieux,
Tout étourdi du coup de sa forte lumière.
Comme un surpris de nuit aux champs quand il éclaire, ... |
Sonnet CIV |
William Shakespeare |
1598 |
Love |
To me, fair friend, you never can be old For as you were when first your eye I ey’d, Such seems your beauty still. Three winters cold Have from the forests shook three summers’ pride, Three beauteous springs to yellow autumn turn’d In process of the seasons I have seen,... |
Sonnet Composed upon Westminster Bridge, London, 1802 |
William Wordsworth |
1790 |
English |
Earth has not anything to show more fair;
Dull would he be of soul who could pass by
A sight so touching in its majesty:
This city now doth, like a garment, wear
The beauty of the morning; silent, bare,
Ships, towers, domes, theatres, and temples lie... |
Sonnet d'Alcippe |
Honoré d'Urfé |
1587 |
French |
Sur la constance de son amitié
Amarillis toute pleine de grâce Allait ces bords de ces fleurs dépouillant, Mais sous la main qui les allait cueillant, D'autres soudain renaissaient en leur place.
Ces beaux cheveux où l'Amour s'entrelasse, Amour... |
Sonnet d'automne |
Charles Baudelaire |
1844 |
French |
Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal : " Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? " - Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite, Excepté la candeur de l'antique animal,
Ne veut pas te montrer son secret infernal, Berceuse dont... |
Sonnet d'été |
Germain Nouveau |
1886 |
French |
Nous habiterons un discret boudoir, Toujours saturé d'une odeur divine, Ne laissant entrer, comme on le devine, Qu'un jour faible et doux ressemblant au soir.
Une blonde frêle en mignon peignoir Tirera des sons d'une mandoline, Et les blancs rideaux tout... |
Sonnet d'or |
Émile Nelligan |
1899 |
French |
Dans le soir triomphal la froidure agonise Et les frissons divins du printemps ont surgi ; L'Hiver n'est plus, vivat ! car l'Avril bostangi, Du grand sérail de Flore a repris la maîtrise.
Certe, ouvre ta persienne, et que cet air qui grise, Se mêlant aux reflets d'... |
Sonnet de décembre |
Joséphin Soulary |
1883 |
French |
L’hiver est là. L’oiseau meurt de faim ; l’homme gèle.
Passe pour l’homme encor ; mais l’oiseau, c’est pitié !
Dans un bouquin rongé des rats plus qu’à moitié
J’ai lu qu’il paie aussi la faute originelle.
La bise a mangé l’... |
Sonnet de deux masques en Rugier et Marphise |
Mellin de Saint-Gelais |
1523 |
French |
en un faict d'armes 1550 à Blois
Ceulx qui au ciel furent pieça receuz Par vertu vive et gestes heroicques, Voyant renaistre au monde euvres antiques Et voeuz divins en coeurs mortelz conceuz,
Ont pensé n'estre amoindris ny deceuz Si, honnorant... |
Sonnet de la belle cordière |
Louise Labé |
1545 |
French |
Las ! cettui jour, pourquoi l'ai-je dû voir, Puisque ses yeux allaient ardre mon âme ? Doncques, Amour, faut-il que par ta flamme Soit transmué notre heur en désespoir !
Si on savait d'aventure prévoir Ce que vient lors, plaints, poinctures et blâmes ; Si... |
Sonnet de la différence du Roy et de l'empereur |
Clément Marot |
1516 |
French |
L'un s'est veu pris, non plusieurs fois, mais une, En plain conflit, faisant aspres effortz ; L'autre deux foizs n'a eu courage, fors Fuyr de nuyct, sans craindre honte aucune.
L'un fut en camp, exemple de fortune ; L'autre ung patron de vrays actes tres ords... |
Sonnet de la petite chérie |
Raoul Ponchon |
1939 |
French |
Ma petite chérie est en tous points exquise.
Je n’imagine rien qui puisse en approcher.
Sa bouche, en s’y posant, ferait vivre un rocher,
Ses yeux dégèleraient la plus âpre banquise.
Elle parle, et voilà l’humanité... |
Sonnet de l’amour sans phrases |
Raoul Ponchon |
1939 |
French |
Et puis l’Ennui nous vint qui fana sous ses doigts
Notre Amour, cette fleur absurde et printanière
Éclose souviens-toi, boulevard Poissonnière,
Quand les nids commençaient à chanter sous les toits.
On s’est bien aimé... |
Sonnet de Monseigneur le Daulphin |
Mellin de Saint-Gelais |
1523 |
French |
Vous que second la noble France honore, Pouvez cueillir par ces prez florissans Oeilletz pour vous seul s'espanouyssans, Escloz ensemble avec la belle Aurore ;
Pour vostre front le rosier se colore, Dont les chappeaux si hault lieu cognoissans, Forment... |
Sonnet de nuit |
Tristan Corbière |
1865 |
French |
O croisée ensommeillée, Dure à mes trente-six morts ! Vitre en diamant, éraillée Par mes atroces accords !
Herse hérissant rouillée Tes crocs où je pends et mords ! Oubliette verrouillée Qui me renferme... dehors !
Pour Toi, Bourreau que j'... |
Sonnet de porcelaine |
Renée Vivien |
1893 |
French |
Le soir, ouvrant au vent ses ailes de phalène, Évoque un souvenir fragilement rosé, Le souvenir, touchant comme un Saxe brisé, De ta naïveté fraîche de porcelaine.
Notre chambre d'hier, où meurt la marjolaine, N'aura plus ton regard plein de ciel ardoisé,... |
Sonnet de sainte Thérèse |
Sainte-Beuve |
1824 |
French |
Ce qui m’excite à t’aimer, ô mon Dieu,
Ce n’est pas l’heureux ciel que mon espoir devance,
Ce qui m’excite à t’épargner l’offense,
Ce n’est pas l’enfer sombre et l’horreur de son feu !
C’est toi, mon Dieu, toi par ton libre vœu
Cloué sur... |
Sonnet des gestes des Dames |
Marc de Papillon de Lasphrise |
1577 |
French |
S'habiller bravement, s'ombrer de fards menteurs, D'un mauvais mot nous feindre une éloquence, Apprendre à bégayer, n'aller qu'à révérence, Et n'être aucunement sans servants serviteurs,
Recevoir le poulet, le plumer par humeurs, Porter un éventail qui sert de... |