Que les jours sont charmants, quand les volantes nues
Étendent sur nos chefs leurs ombres continues,
Et cachant du soleil la trop grande splendeur,
Tempèrent sa lumière et domptent son ardeur !
Sans attendre du soir l'heure moins éclairée,
Je puis abandonner la demeure dorée ;
Et dans un air plus libre, un lieu moins fréquenté
Peut donner aux pensers une ample liberté.
Les fleurs de ce parterre ont leur beauté plus vive,
Ne baissant point le chef sous l'ardeur excessive.
Doux astres de la terre, éblouissantes fleurs,
Qui brillez à l'envi de diverses couleurs,
Beaux jeux de la nature, un doux zéphyr vous flatte,
Baisant de votre teint la beauté délicate,
Et vous souffrez l'amour de ces chastes zéphyrs,
Qui n'osent vous baiser qu'avecque leurs soupirs.
L'amour pour la beauté devrait être innocente,
Comme de ces doux vents l'haleine frémissante.
Ô papillons légers qui sur les fleurs errez,
D'un agréable émail comme elles bigarrés,
Autrefois humbles vers rampant dessus les herbes,
Maintenant fendant l'air de vos ailes superbes,
L'homme de votre sort doit bien être jaloux ;
Ou plutôt le chrétien doit apprendre de vous
Qu'ayant rampé longtemps dessus la terre basse,
Il doit voler au ciel sur l'aile de la grâce. [...]
(Troisième promenade)