Qu'elle est triste en Octobre avec sa voix pourprée

Qu'elle est triste en Octobre avec sa voix pourprée
La Vesprée !

Ses funéraires los enamourent les choses
Trop moroses.

En chambre rose et blanche une vierge repose
Blanche et rose.

Et le hameau se tait. Les bergers qui reviennent
Se souviennent

Dans la marche des monts parmi le ranz des sources
De ses courses

D'autrefois avec eux. Archange bucolique
O relique

D'enfance à jamais douce ! Un d'entre eux là ne parle.
C'est Fritz. Car le

Vieux chevrier, le roi des chèvres vagabondes
Près des ondes,

L'aima. Qu'il la déplore ! Il était son égide
Bloc rigide

Contre lequel les Temps avaient usé leur lime.
Le sublime

Vieillard pleurait sa mort comme une fleur de neige.
Un cortège

S'est formé. Deux bras lourds l'amènent en chapelle.
Une pelle

Dans le souterrain creuse un exil de la vie
Qu'ont suivie

Tous mes pas douloureux. Elle gît là en terre,
Solitaire.

Je l'entends dans mon rêve. Elle pleure en les cloches
Aux approches

Du soir. J'ai gardé d'elle un souvenir de frère,
Lutte chère

Avec l'autre d'antan. Chez moi, douleur n'est fraîche,
Elle est sèche

De ce feu qui l'embrase en ses rouges fournaises
Dans les braises.

Douleur où j'ai tant soif que je boirais les mondes
Et leurs ondes.

Douleur où je péris comme un lys sur console
Sans parole...

Qu'elle est triste en Octobre avec sa voix pourprée
La Vesprée !...

Collection: 
1899

More from Poet

  • Écoutez, écoutez, ô ma pauvre âme ! Il pleure
    Tout au loin dans la brume ! Une cloche ! Des sons
    Gémissent sous le noir des nocturnes frissons,
    Pendant qu'une tristesse immense nous effleure.

    À quoi songiez-vous donc ? à quoi pensiez-vous tant ?...
    Vous qui ne...

  • Ils défilent le long des corridors antiques,
    Tête basse, égrenant d'énormes chapelets ;
    Et le soir qui s'en vient, du sang de ses reflets
    Empourpre la splendeur des dalles monastiques.

    L'heure a versé déjà ses flammes extatiques
    Au fond de leurs grands coeurs où...

  • Elle est de la beauté des profils de Rubens
    Dont la majesté clame à la sienne s'incline.
    Sa voix a le son d'or de mainte mandoline
    Aux balcons de Venise avec des chants lambins.

    Ses cheveux, en des flots lumineux d'eaux de bains,
    Déferlent sur sa chair vierge de...

  • La belle Sainte au fond des cieux
    Mène l'orchestre archangélique,
    Dans la lointaine basilique
    Dont la splendeur hante mes yeux.

    Depuis que la Vierge biblique
    Lui légua ce poste pieux,
    La belle Sainte au fond des cieux,
    Mène l'orchestre archangélique....

  • Rien ne captive autant que ce particulier
    Charme de la musique où ma langueur s'adore,
    Quand je poursuis, aux soirs, le reflet que mordore
    Maint lustre au tapis vert du salon familier.

    Que j'aime entendre alors, plein de deuil singulier,
    Monter du piano, comme d'...