La réponse du crucifix

En expirant sur l'arbre affreux du Golgotha,
De quel regret ton âme, ô Christ, fut-elle pleine ?
Etait-ce de laisser Marie et Madeleine
Et les autres, au roc où la Croix se planta ?

Quand le funèbre choeur sous Toi se lamenta,
Et que les clous crispaient tes mains ; quand, par la plaine,
Ton âme eut dispersé la fleur de son haleine,
Devançant ton essor vers le céleste Etat,

Quel fut ce grand soupir de tristesse infinie
Qui s'exhala de Toi lorsque, l'oeuvre finie,
Tu t'apprêtais enfin à regagner le But ?

Me dévoileras-tu cet intime mystère ?
- Ce fut de ne pouvoir, jeune homme, le fiel bu,
Serrer contre mon coeur mes bourreaux sur la Terre !

Collection: 
1899

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Écoutez, écoutez, ô ma pauvre âme ! Il pleure
Tout au loin dans la brume ! Une cloche ! Des sons
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Ils défilent le long des corridors antiques,
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La belle Sainte au fond des cieux
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La belle Sainte au fond des cieux,
Mène l'orchestre archangélique....

Rien ne captive autant que ce particulier
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