Tant plus je vois que vous blâmez
Sa noble discipline,
Plus à l'aimer vous enflammez
Ma volonté encline.
Car ce qui a moins de suivants,
D'autant plus il est rare,
Et est la chose entre vivants
Dont on est plus avare.
Il n'est pas en votre puissance
Qu'y soyez adonnés ;
Car le ciel dès votre naissance
Vous en a détournés ;
Ou ayant persuasion
Que tant la peine en coûte,
Est la meilleure occasion
Qui tant vous en dégoûte.
Le ciel orné de tels flambeaux
N'est-il point admirable ?
La notice de corps si beaux
N'est-elle désirable ?
Du céleste ouvrage l'objet,
Si vrai et régulier,
N'est-il sur tout autre sujet
Beau, noble et singulier ?
N'est-ce rien d'avoir pu prévoir
Par les cours ordinaires,
L'éclipse que doit recevoir
L'un des deux Luminaires 7
D'avoir su, par vraies pratiques,
Les aspects calculer ?
Et connaître les Erratiques
Marcher ou reculer ?
Toutefois il n'est jà besoin
Que tant fort je la loue,
Vu que je n'ai vouloir ni soin
Que de ce l'on m'avoue ;
Car que chaut-il à qui l'honore
Qu'elle soit contemnée ?
Science, de cil qui l'ignore,
Est toujours condamnée.
Assez regarde l'indocte homme
Du ciel rond la ceinture,
Mais il s'y connaît ainsi comme
L'aveugle en la peinture.
Celui qui a l'âme ravie
Par les cieux va et passe,
Et soudain voit durant sa vie
D'en haut la terre basse.
Cette science l'homme cueille
Alors qu'il imagine
La facture et grande merveille
De la ronde machine.
C'est celle par qui mieux s'apprenne
L'immense Déité,
Et qui des athées reprenne
Erreur et vanité.