Ce soir, sur le chemin sonore du coteau

Ce soir, sur le chemin sonore du coteau,
Nous menons en rêvant notre amour qui frissonne
D'une obscure tiédeur sous le même manteau.
Ô crépuscule amer de novembre ! L'automne
Est soucieux comme un aïeul qu'on va quitter ;
Son souffle large et fort sur la terre endormie
Répand de solennels adieux. Las de monter,
Bientôt nous suspendons nos pas, ô mon amie.
La brise nous apporte avec le bruit furtif
D'une bête qui fuit dans la forêt prochaine
Le tintement voilé des cloches de la plaine ;
Puis rien n'interrompt plus le silence pensif
Que l'âme de la nuit soupirant dans les herbes.
Là-bas, naissant du pâle azur, voici Vesper.
Debout et l'un sur l'autre épars comme deux gerbes,
Nous semblons nous cacher déjà de l'âpre hiver ;
Et c'est du fond de l'ombre où notre amour se mure
Que nous prêtons, joignant les mains, fermant les yeux,
Une oreille rêveuse au son d'une voix pure
Qui s'élève des champs au loin silencieux.

Collection: 
1890

More from Poet

Tu sommeilles ; je vois tes yeux sourire encor.
Ta gorge, ainsi deux beaux ramiers prennent l'essor,
Se soulève et s'abaisse au gré de ton haleine.
Tu t'abandonnes, lasse et nue et tout en fleur,
Et ta chair amoureuse est rose de chaleur.
Ta main droite sur toi se...

J'étais couché dans l'ombre au seuil de la forêt.
Un talus du chemin désert me séparait.
J'écoutais s'écouler près de moi, bruit débile,
Une source qui sort d'une voûte d'argile.
Par ce beau jour de juin brûlant et vaporeux
L'horizon retenait des nuages heureux....

Ce soir, sur le chemin sonore du coteau,
Nous menons en rêvant notre amour qui frissonne
D'une obscure tiédeur sous le même manteau.
Ô crépuscule amer de novembre ! L'automne
Est soucieux comme un aïeul qu'on va quitter ;
Son souffle large et fort sur la terre...

Saison fidèle aux coeurs qu'importune la joie,
Te voilà, chère Automne, encore de retour.
La feuille quitte l'arbre, éclatante, et tournoie
Dans les forêts à jour.

Les aboiements des chiens de chasse au loin déchirent
L'air inerte où l'on sent l'odeur des champs...

Qu'on ouvre la fenêtre au large, qu'on la laisse
Large ouverte à l'air bleu qui vient avant la nuit !
Je voudrais, ah ! marcher autour de moi sans bruit,
Entendre ce que dit l'automne à ma tristesse ;
Car voici la saison où la sève s'épuise.
C'est un des derniers...